mardi 2 décembre 2014

Hyperdub – Hyperdub 10.4 (Hyperdub Records)


Hyperdub – Hyperdub 10.4 (Hyperdub Records)

Hyperdub est un label de musique électronique londonien orienté dubstep. À l’occasion de ses 10 ans, il publie une série de 4 compilations mêlant classiques et inédits. Si le 1er volume est orienté dancefloor, le second R&B et le troisième ambient, Hyperdub 10.4 célèbre, une fois n’est pas coutume, la scène club en nous proposant différents projets house, garage et techno. Sous la forme d’un double album, il se compose d’une part d’actualités brûlantes comme l’efficace Ugly Observation d’Ossie & Phrh et d’autre part de succès piochés dans son répertoire des 5 dernières années : Street Halo de l’immense Burial, la perle electro soul Love Dub Refix de Cooly G ou la deep house de Walton Need to Feel. Ce dernier volet est une belle porte d’entrée dans l’univers dark et underground d’Hyperdub.

Wildbirds & Peacedrums – Rhythm (The Leaf Label/Differ-Ant)



Wildbirds & Peacedrums – Rhythm (The Leaf Label/Differ-Ant)


 
 
Wildbirds & Peacedrums, duo suédois sulfureux composé de la chanteuse Mariam Wallentin et de son mari le batteur Andreas Werliin, nous livre son nouvel opus minimaliste et percussif intitulé Rhythm. Jazz, blues, rock, pop expérimentale… Difficile de classer leur musique ! Voulant faire écho aux caractères rugueux et sauvages du monde chaotique qui nous entoure, Rhythm reprend certains aspects du code établi au début des années 80 par The Creatures (Siouxie et Budgie) ou Patti Smith, assemblant, parfois de manière tribale, brutale, sombre et déviante, une voix puissante et affirmée aux rythmes tranchants et dénudés.

mercredi 26 novembre 2014

The Budos Band - Burnt Offering (Daptone Records/Differ-Ant)


The Budos Band - Burnt Offering (Daptone Records Differ-Ant)

La célèbre écurie de Brooklyn Daptone Records (maison de disque de Sharon Jones and The Dap-Kings entre autres) publie le nouveau disque Burnt Offering du collectif The Budos Band. Toujours fidèle à son credo de l’enregistrement et du mixage analogique, le label présente leur cinquième projet instrumental afro-soul, largement dominé par des tonalités éthio-jazz un brin sombres et psychédéliques. Le guitariste Tom Brenneck et ses acolytes nous proposent en effet un cocktail enivrant fusionnant les arrangements rock et les rythmiques funk sur fond de musique de film des 70’s et de réminiscences du Black Sabbath.


dimanche 23 novembre 2014

Dilated Peoples - Show Me The Way ft. Aloe Blacc (Extrait de Directors Of Photography)





Les B.Boys West-Coast Dilated Peoples, déjà remarqués en s'associant à Talib Kweli, Gangstarr, Kanye West ou The Roots, viennent de publier chez Rhymesayers Entertainment leur 5ième album studio intitulé Directors Of Photography. Invitant Dj Premier, 9th Wonder, Oh No, Twiz The Beat Pro, Jake One, Diamond D, Bravo et The Alchemist à la production, le combo s'est aussi entouré, après un break de 8 ans, des MCs Vince Staples, Catero, Krondon, Gangrene et Sick Jacken. Distillant leur hip-hop underground tranchant et old-school, Rakaa Iriscience, Evidence et Dj Babu signent un opus réussi à l'image de ce Show Me The Way doté de la voix soul d'Aloe Blacc!

lundi 17 novembre 2014

Master Mix : Red Hot + Arthur Russell (Yep Roc/Differ-ant)

Master Mix : Red Hot + Arthur Russell (Yep Roc/Differ-ant)

Qui était Arthur Russell ?
Assez peu connu de son vivant, le très prolifique compositeur, violoncelliste et chanteur américain qui nous quittait prématurément en 1992 des suites du sida, laisse derrière lui une œuvre musicale expérimentale, notable pour sa variété, sa modernité déviante et sa sensibilité.

Ayant tissé des liens subtiles entre, d’un côté la pop, le disco et la dance music puis le rock new-yorkais, les chants indiens, les percussions vaudous, la poésie contemporaine et la musique minimaliste de l’autre, l’artiste obscur et complexe a toujours su, comme l’a écrit The New Yorker, « relier des contrés à la fois réelles et imaginaires, le rue et les champs, le doux New-York de la bohème et la folie du Studio 54, la pop joyeuse et les possibilités de libération de l’art abstrait. ». « Chez Russell, disco signifiait avant tout dislocation, contorsion, répétition extatique qui conduit au même genre de sensations organiques vertigineuses que chez Fela », écrivait Christophe Conte dans les Inrocks en 2004 lors de la sortie de la compilation The World If Arthur Russell.

Ses diverses collaborations forcent le respect, du poète Allen Ginsberg au Dj Nicky Siano, en passant par Philip Glass et David Byrne, le musicien a mis d’accord toutes les tendances musicales avant-gardistes et a autant stimulé les habitués du dancefloor que les amateurs de musiques underground cérébrales.

C’est au tour de l’organisation Red Hot (luttant contre le sida grâce à la promotion de la culture pop) et du label indépendant Yep Roc Records de publier un nouvel hommage à Arthur Russell. Master Mix : Red Hot + Arthur Russell rassemble 26 covers interprétés par un casting exceptionnel de plus d’une vingtaine d’artistes parmi lesquels on compte Hot Chip, Sufjan Stevens, Devendra Banhart, José Gonzalez ou encore les Scissor Sisters !

Les rythmes disco entrainants et retro-jouissifs (de Tell You par Robyn et de Is It All Over My Face & Tower Of Meaning  par Blood Orange) et l’énergie pop rock (de Planted A Thought par Oh Mercy) alternent avec les ambiances folk méditatives et intimistes (de Glen Hansard dans I Couldn't Say It To Your Face ou de Sam Amidon dans le sublime Lucky Cloud et les textures électroniques hypnotiques de The Revival Hour dans Hiding Your Present From You).

Voici un recueil de qualité présentant l’œuvre d’Arthur Russell sous un jour peut-être plus accessible, une fort belle opportunité de découvrir ou redécouvrir les sonorités aventureuse et clairvoyantes d’un des parrains de la pop actuelle.
 
 
 
 
 


samedi 15 novembre 2014

Lo-Fang - You're The One That I Want





Forcément la comparaison de Lo Fang avec Jeff Buckley sur cette sublime reprise You're The One That I Want peut paraître grossière, et pourtant...

Comment ne pas tomber sous le charme de ces accents folk délicieusement romantiques ou de cette voix angevine, délicate et fragile, sensuelle et lancinante, qui ne cesse de faire écho à l'Hallelujah de la défunte rock star des années 90, un génie bêtement disparu par noyade le 29 Mai 1997?

Comment ne pas penser au chanteur islandais Asgeir et son prodigieux In The Silence, opus en suspension pris dans la glace de Laugarbakki?

Matthew Hemerlein alias Lo-Fang, chanteur et multi-instrumentiste comme l'était Jeff, interprète avec une douceur troublante le succès interplanétaire de John Farrar (guitariste des Shadows) You're The One That I Want. Paru en 1978, il fait partie de la bande originale du film culte Grease et était à l'époque interprété par John Travolta et Olivia Newton-John en personne.

Le jeune américain, qui enseigna la musique à des enfants sur Baltimore, publiait le 25 Février 2014 son premier projet electro-pop baptisé Blue Film, en Octobre dernier il était choisi par le producteur de film australien Baz Luhrmann pour participer au nouveau clip publicitaire de Chanel N°5, dont le rôle principale est tenu par l'actrice brésilienne Gisele Bündchen.

Lo-Fang est inspiré par le cinéma et notamment par Le Grand Bleu de Luc Besson. Il joue tous les instruments présents sur le disque, guitare, violon, violoncelle, claviers... L'artiste y distille, avec une mélancolie contagieuse, des arrangements riches et aériens (ou aquatiques!) influencés par ces périples autour du monde, du Cambodge jusqu'en Islande en passant par Nashville et Londres.

Le producteur et compositeur basé à Los Angeles est enrôlé par Lorde dans sa tournée US, il s'apprête ainsi à franchir une étape supplémentaire dans sa carrière, lui qui à 5 ans entamait une formation musicale classique avant de se passionner pour le jazz puis de voguer vers d'autres horizons. Préoccupé par l'arrangement des cordes, qui plantent l'atmosphère primordiale de son travail et qu'il exprime par la particule Lo de son nom d'artiste, Matthew symbolise l'aspect électronique de ses productions par Fang, deux entités maintenues en équilibre et servant d'écrin à des histoires subtiles, parfois autobiographiques ou parfois inspirées de ses observations.

Belle découverte!

Et pour le plaisir...: Jeff Buckley et Asgeir

 

vendredi 7 novembre 2014

Omara Portuondo - Magia Negra - The Beginning (World Village/Harmonia Mundi)

Omara Portuondo - Magia Negra - The Beginning (World Village/Harmonia Mundi)

La légende vivante de Cuba Omara Portuondo nous revient après 3 ans d'absence avec son magistral Magia Negra - The Beginning. Enregistré pour la première fois en 1958 pour le label Velvet, alors que la chanteuse faisait encore partie du groupe féminin Cuarteto de Aida, ce disque de jeunesse rendait hommage à la musique sud-américaine, avec ses thèmes populaires comme Besame Mucho (boléro composé en 1941 par la chanteuse mexicaine Consuelo Vélazquez) et au jazz américain, avec Magia Negra (originellement intitulé That Old Black Magic, écrit par Johnny Mercer et composé par Harold Arlen en 1942) et Caravana (reprenant le célèbre standard Caravan de la fin des années 30, écrit par Irving Mills sur une composition de Duke Ellington).

Au début des années 50, la jeune Omara créait d'ailleurs, avec son quatuor féminin formé de sa sœur Haydée et ses partenaires Elena Burke et Moraima Secada, un courant musical métis baptisé filin (ou feeling), inspiré bien sûr du son cubain (ou rumba) et autres boléros, mais aussi du swing grandiose et classieux des divas Ella Fitzgerald ou Sarah Vaughan.

Placée sous le feu des projecteurs en 1996 grâce au projet Buena Vista Social Club du guitariste Ry Cooder, Omara relance sa carrière et le grand publique (re)découvre alors une artiste majeure de la scène jazz de Cuba. N'oublions pas que l'immense Nat King Cole, le compositeur Jorge Drexler, le groupe Los Van Van et plus récemment les chanteurs brésiliens Maria Bethania et Chico Buarque, les bassistes Richard Bona et Avishai Cohen, le pianiste Chucho Valdes ou encore le percussionniste Trilok Gurtu [...] l'ont tous croisés au moins une fois en concert ou lors de séances d'enregistrements.

Malgré un grand nombre de scènes (Olympia de Paris, Carnegie Hall de New-York), d'albums solo et de collaborations prestigieuses étalées sur plus d'une trentaine d'années, elle se faisait de plus en plus rare, la politique de Fidel n'ayant pas facilité les choses.

À tout juste 84 ans, cette grande dame du jazz et de la culture caribéenne semble détenir le secret de la longévité. De retour en studio pour cette nouvelle mouture de Magia Negra - The Beginning, "la novia del filin" retrouve l'équipe avec laquelle elle avait gravé en 2011 Omara & Chucho. Rolando Luna est au piano, Gaston Joya à la contrebasse, Rodeny Barreto à la batterie, Andres Coayo aux percussions, Alexandre Abreu à la trompette et Juan Manuel Ceruto au saxophone ténor et à la flûte.

Omara a aussi sollicité plusieurs invités spéciaux. On note en effet et non des moindres, le compositeur et chanteur brésilien Yvan Lins qui intervient à ses côtés sur le touchant No Puedo Ser Feliz. El Micha, célèbre chanteur de reggaeton, associe quant à lui sa voix à celle du conteur Luis Carbonell (disparu en Mai dernier) sur le titre au groove urbain Oguere, se transformant presque en ballade hip-hop. Des voix féminines contribuent aussi à apporter une touche de modernité à l'album. Nous pouvons ainsi écouter la voix de sa petite-fille Rossio Jimenez sur une Noche Cubana langoureuse.

Pour sa tournée internationale, Omara s'entoure d'une pléiade de jeunes artistes tout aussi talentueux, comme les chanteuses cap-verdiennes Lura et Mayra Andrade ou bien la somptueuse section rythmique du pianiste cubain de génie Roberto Fonseca, rassemblant son trio composé de Joel Hierrezuelo aux percussions, Ramsés Rodríguez à la batterie et Yandy Martinez à la basse.

Autant dire qu'elle n'est pas encore prête à rendre son micro !