jeudi 16 octobre 2014

Marina Quaisse – The Legend Of Sirena (Phonosaurus Records)


Marina Quaisse – The Legend Of Sirena (Phonosaurus Records)

La violoncelliste française Marina Quaisse a débuté sa carrière dans le répertoire classique, ayant fait ses armes en orchestre symphonique et orchestre de chambre. En 1999, elle s’investie au sein d’un projet trip-hop baptisé Aktarus qui ne durera pas, mais ses rencontres avec les producteurs Wax Tailor puis plus tard Mattic influenceront définitivement sa palette musicale. Intégrant les vibrations et la grâce de son instrument à des productions abstract hip-hop aquatiques et hypnotiques, la jeune compositrice nous offre enfin son premier opus intitulé The Legend Of Sirena, publié sur le label quebeco-franco-suisse Phonosaurus Records. Les beats soignés qui font penser ici aux productions de Dj Krush et là à celles de Dj Cam, servent d’écrin aux lamentations poétiques du violoncelle de Marina rejointe dans Dance With The Devil et Good Times par l’excellent rappeur Mattic. L’histoire commence un 8th of July, lors d’un embarquement (Boarding Time), le personnage principal est une sirène ensorceleuse voulant attirer un marin séduit au fond de la mer (The Torning Sound). The Legend Of Sirena nous raconte sa descente dans les profondeurs d’une eau calme et paisible (In a Peaceful Deep Water), un bref interlude amoureux et joueur cède ensuite sa place aux regrets et à la nostalgie d’une surface lumineuse et familière (Nostalgia) …

mercredi 15 octobre 2014

Daedelus – The Light Brigade (Brainfeeder)


Daedelus – The Light Brigade (Brainfeeder)

Alfred Darlington alias Daedelus publie sur le label de Flying Lotus un nouvel opus délicat et mélancolique intitulé The Light Brigade. Brainfeeder, connu pour ses signatures glitch-hop, met ici en lumière un album dominé par les sonorités acoustiques d’une guitare sèche et quasiment privé d’électronique. La voix du californien inonde de sa douceur éthérée une musique folk expérimentale aux accents liturgiques (comme on peut l'entendre sur le premier single Onward). Daedalus, qui nous avait habitué à un univers bien plus baroque et arythmé, évoque dans ce recueil de complaintes déchirantes la tragédie de la Guerre de Crimée avec une empathie saisissante, à l’instar du final Country Of Conquest, traversé par des cordes funestes et lancinantes.

 

mardi 14 octobre 2014

Neil Cowley Trio – Touch And Flee (Naim Jazz/Harmonia Mundi)


Neil Cowley Trio – Touch And Flee (Naim Jazz/Harmonia Mundi)

Rien d’étonnant que ce soit un jour de pluie que le jazz anglais, ample et envoutant, du Neil Cowley Trio attire mon attention me tirant d’une humeur plus que maussade. Touch And Flee est le cinquième album studio de la formation. Le pianiste, accompagné du batteur Evan Jenkins et du contre bassiste Rex Horan, y distille une musique atmosphérique que l’on pourrait rapprocher de celle des icônes scandinaves Gustavsen et Svensson, déployant des motifs subtils et gracieux où les pulsations délicates de la batterie servent d’écrin au groove délicieux de la basse et aux nappes harmonieuses, volumineuses et expressives du piano. Le jazz de Neil Cowley s’exprime dans la lenteur et l’élégance mélodique à travers 9 titres méditatifs parfois sombres mais toujours délicats.




Jozef Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre Distributions)


Jozef Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre Distribution)
Remarqué pour ses interventions dans le Magic Malik Orchestra ou auprès des frères Belmondo, le claviériste jazz Jozef Dumoulin, « spécialiste du Fender Rhodes », publie chez Yolk Music son dernier projet mené en trio et nommé Trust. Le prodige belge, installé à Paris, embarque avec lui dans The Red Hill Orhestra les deux américains : Ellery Eskelin au saxophone ténor et Dan Weiss à la batterie. Tous trois mettent en scène des atmosphères sonores sombres et complexesle jazz se libère lors de sets d’improvisations psychédéliques et d’expérimentations aériennes. Trust est un recueil de 12 compositions nébuleuses et poétiques, articulées autour d’une seule et même idée, l’interaction entre différentes approches musicales, Ellery et ses embardées free jazz, Dan et ses influences puisées dans la musique indienne et la pratique des tablas.
 
 
 




 
 

lundi 13 octobre 2014

Hell’s Kitchen – Red Hot Land (Moi J’Connais Records/L’Autre Distribution)


Hell’s Kitchen – Red Hot Land (Moi J’Connais Records/L’Autre Distribution)

Crasseux et rongé jusqu’à la corde, le blues lancinant et dissonant des 3 petits suisses de Hell’s Kitchen sonne diablement juste ! Publiant leur cinquième disque intitulé Red Hot Land sur Moi J’Connais Records, les bluesmen helvètes à l’énergie punk nous proposent un retour aux sources de la musique aux trois accords, vers un essentiel brutal, abrasif et rugueux. Enregistré à l’ancienne et mitonné au whisky, le blues rural de Hell’s Kitchen trouble la vue et enfume l’esprit. La voix rauque de son leader Monney B, la « percuterie » écorchée de Taillefert C et la basse rondelette de Ryser C composent cette tambouille brûlante assaisonnée du piment de quelques complices dont Robin Girod au banjo, Charles Wicki à l’accordéon et Matt Verta-Ray à la guitare.

 
 

vendredi 10 octobre 2014

Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)


Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)

Délibérément taillé pour le dancefloor, Abaporu (qui se traduit « l’homme qui mange la chaire humaine » en indien Tupi Guarani), quatrième long format du Dj/producteur brésilien Gui Boratto, nous replonge dans les beats et les ambiances chaudes et raffinées qu’il présentait pour la première fois en 2007avec son sublime Chromophobia. Bien plus accessible que ses précédents projets, Abaporu froissera les puristes que le chouchou de l’écurie Kompakt avait conquis avec ses maxis aux sonorités minimal tech et acid house, mais ravira les amateurs de chill-out, de rythmiques pop impeccables et d’ambient ibérique solaire. Nourri de toutes les musiques électroniques actuelles et véritablement immergé dans la culture brésilienne (depuis son récent mariage), l’artiste a voulu rendre hommage au mouvement anthropophage, ce courant artistique brésilien issu du modernisme qui prônait au début du 20° siècle l’appropriation et l’imitation des cultures européennes.
 
Le nom et l’artwork de l’album sont eux-mêmes tirés d’une des peintures les plus importantes de l’art brésilien, datant 1928 elle symbolise avec son apparente naïveté l’âme d'un Brésil complexe, où le soleil et le culte du corps cohabitent avec la pauvreté et le travail forcé.

Se référant à ce chef d’œuvre et à l’ensemble des représentations engagées mais étranges, irréelles et imaginaires réalisées par la peintre Tarsila Do Amaral, artiste emblématique de ce cannibalisme culturel ‘Brésil/Europe’, ce disque serait un nouveau trait d’union entre Tom Jobim et Phonique, entre la mélancolie et l’euphorie, le folklore et la culture club.

Ce qui est certain, c’est que l’efficacité de morceaux tels que Please Don’t Take Me Home, Too Late et Let’s Get Started, avec leurs vocaux pop, leurs accents funky et leurs rythmiques deep house, fait mouche dès la première écoute. Les synthscapes, les nappes de claviers technoïdes et les lignes de basse aux tonalités plutôt sombres de Abaporu, Joker ou encore Palin Dromo évoquent quant à eux l’influence de la techno berlinoise

Gui Boratto une fois de plus ne déçoit pas même s’il surprend à vouloir séduire un plus large public!

jeudi 9 octobre 2014

Tosca – Outta Here (!K7)


Tosca – Outta Here ( !K7)

Le mythique duo viennois Tosca semble renouveler sa palette musicale en publiant via le label berlinois !K7 Records son dernier disque intitulé Outta Here. Richard Dorfmeister et Rupert Huber nous avaient habitué depuis leur association en 1994 à des ambiances laid back, downbeat et chill out, on se souvient en effet des opus Opéra, Suzuki ou dernièrement No Hassle et Odéon. Les autrichiens, largement influencés par John Lee Hooker, réorientent aujourd’hui leur projet vers des sonorités plus soul, acid jazz et bien sûr blues voire même country (Put It On) avec des rythmiques à la dynamique plus up-tempo. Les lignes de basse musclent le groove de titres comme Have Some Fun, My Sweet Monday ou Prysock, même si les ingrédients lounge qui ont fait le succès de Tosca demeurent, à l’instar de l’esprit dub de Happy Hour, trip-hop de Lone Ranger et ambient des interludes Schopsca et H.D.A.

À noter la participation exceptionnelle de Earl Zinger (un alias de Rob Gallagher à l’origine du groupe acid jazz Galliano) et Cath Coffey (des Stereo MCs), que l’on peut écouter sur le premier single Crazy Love.