Après ses collaborations plus que rentables et efficaces avec les Daft Punk et Robin Thicke, le leader des Neptunes et patron du label Star Track revient avec une véritable bombe atomique "Happy", titre positif gorgé de soul et empli de joie de vivre! Apparaissant dans la bande originale du blockbuster "Moi, Moche et Méchant 2", "Happy" s'offre le plus long clip de l'histoire de la musique (24 Heures) grâce à la collaboration de Pharrell avec le collectif français "We Are From LA" (auteur du fameux clip pour Evian Baby&Me où Yuksek remixe "Here Come The Hotstepper" de Ini Kamoze).
"We Are From LA" a du filmer 336 personnes se déhanchant et réaliser 360 plans-séquences. Le projet étant interactif, libre à vous d'y entrer par où ça vous chante et de composer votre propre clip.
Pour cela, rendez-vous sur le site dédié : http://24hoursofhappy.com/
En hommage à son père capverdien John Tavares Silver, l'immense pianiste américain Horace Silver signe avec ce titre "Song For My Father", un des plus beaux airs de jazz jamais écrits. Inspiré par un voyage au Brésil, le cofondateur des Jazz Messengers a écrit l'album éponyme entre 1963 et 1964, ce dernier fut d'ailleurs publié par le label Blue Note.
Horace exposera toute sa vie ses influences puisées dans le Blues, la Soul et le Gospel, lui qui est considéré comme l'un des inventeurs du courant hard-bop avec Art Blakey et Max Roach, puis Miles Davis, Sonny Rollins et John Coltrane...
Dans cette vidéo captée au Danemark en 1968 à l'occasion du Jazz Omkring Midnat, on retrouve aux côtés du pianiste, Bill Hardman à la trompette, Bennie Maupin au saxophone tenor, John Williams à la contrebasse et Billy Cobham à la batterie.
Ibrahim Maalouf – Illusions (Mi’ster Productions/Harmonia
Mundi)
On pourrait croire que Mr Maalouf, sacré meilleur artiste jazz de l’année 2013 grâce à sa bande-son « Wind » (chroniques Ibrahim Maalouf - Wind), a pris la grosse
tête avec le buzz ayant entouré la sortie de son dernier disque (http://youtu.be/ZSpS9kXoPps), ses
allures de rock star, sa pochette disco-décadente, son casting grandiloquent et
ses accents pop… Seulement voilà, tout n’est qu’« Illusions » !
Si la trompette micro-tonale d’Ibrahim nous a habitué
jusqu’ici à un souffle plutôt doux et étouffé, ce dernier opus déborde de groove oriental défrisant et d’allusions
rock, avec ses titres structurés comme des chansons (refrain/couplet/refrain…)
taillées pour la scène.
Après 10 ans passés à peaufiner et à affirmer son identité
et son style à travers son triptyque « Dia »,
constitué des
albums « Diaspora », « Diachronism »
et « Diagnostic », le trompettiste, pianiste,
compositeur, producteur, arrangeur et professeur franco-libanais parvient
avec « Illusions » à imposer enfin sa véritable vision de la
musique avec le son qui lui correspond. Entouré d’un groupe qu’il a mis 7 ans à
réunir au fil de ses tournées, l’artiste a choisi 8 compositions récentes et
plus anciennes interrogeant ses relations à la société, faisant référence à
ses origines, à son vécu et à l’actualité d’un monde qui semble ne plus avoir
ni queue ni tête.
Pour la première fois, le
musicien a invité une section de trompettes arabes éclatantes composée de
Youenn Le Cam, Martin Saccardy et Yann Martin, un vieux rêve qui lui permet
comme dans la tradition des musiques gnawas de donner du relief au jeu
de questions/réponses entre les cuivres et de mettre en valeur des mélodies
orientales plus présentes qu’auparavant.
Ibrahim Maalouf a « voulu
que cet album soit festif et plein d’énergie positive », il délaisse
un temps les sonorités purement jazzy pour s’orienter vers un rock assumé, animal et hybride, dans un savant mélange de moments
électriques, fougueux, chaleureux, méditatifs et inspirés par son Liban natal.
Les musiciens François
Delporte aux guitares, Frank Woeste
aux claviers, Laurent Davis à la
basse et Xavier Rogé à la batterie forment
son quartet gagnant en live autant qu’en studio…
Orchestre National de Jazz – The Party (Jazz
Village/Harmonia Mundi)
« The
Party » est la dernière danse de Daniel
Yvinec en tant que directeur artistique de l’Orchestre National de Jazz. En effet, depuis 6 ans, le
contrebassiste multi-instrumentiste et producteur dirige, ce qui est désormais
devenu une véritable institution dans le paysage jazzistique français, l’ONJ. Pensé comme un laboratoire de
création musicale, bouillonnant et énergique, le projet regroupe 10 jeunes
artistes virtuoses et prometteurs, dont l’objectif
est d’ouvrir les frontières du jazz aux musiques électroniques, à la
soul, au funk, à la pop ou au hip-hop n’hésitant pas à frôler le rock psychédélique…
« The Party » fait suite à « Carmen », bande originale imaginée pour le film muetde
Cecil B. DeMille, « Broadway In
Satin » hommage à Billie Holyday, « Around Robert Wyatt », «Shut Up And Dance » qui
s'intéressait à la relation entre musique et mouvement, « Dixcover(s) » proposant de revisiter en petit comité
(du duo au quartet) une sélection d'œuvres mythiques, puis « Piazzolla »le sixième volet, célébrant l'immense compositeur et bandonéoniste Astor
Piazzolla.
Cette septième
célébration du métissage fut élaborée cette fois-ci avec la collaboration du
trompettiste new-yorkais aux multiples casquettes Michael Leonhart, remarqué aux côtés de Steely Dan, Yoko Ono, Brian
Eno, Paul McCartney, Mos Def ou encore Bobby McFerrin. La musique écrite à 4
mains a ensuite été enregistrée
instantanément par l’orchestre, sans répétition, dansle
mythique studio Vogue en région parisienne. Datant des années 60, il est un
lieu privilégié pour les captations en live, son passé glorieux en atteste avec
le passage de noms illustres tels que Gainsbourg, Marvin Gaye, Dutronc, David
Byrne ou Depeche Mode.
Daniel Yvinec a retravaillé ces enregistrements
en y intégrantsa touche électro et son lot de beats, de loops,
de samples et d’effets. Les 15
titres de l’album, entre compositions
originales et relectures de succès planétaires, plongent l’auditoire dans une tambouille de grooves acoustiques et
électroniques enivrante où le « Requiem Pou Un Con » de notre
cher Serge côtoie le slow de The Korgis « Everybody’s Got To Learn
Sometime » et où « je m’appelle Géraldine » de Jean-Claude
Vannier croise « Rainy Day/Strawberry Letter 23 » de Shuggie Otis. Ce
savant mélange revisite un héritage musical aussi vaste qu’éclectique avec une
liberté étourdissante, à tel point que « The Party » d’Henri
Mancini se transforme en une déferlante rock
psyché up-tempo et que « Once In A Lifetime » des Talking Heads
prend des allures glitch…
L’aventure
se termine donc pour Yvinec et ses dix musiciens, mais pas pour l’ONJ qui, sous
la direction du guitariste et
compositeurOlivier Benoît,
continuera son périple aux confins du jazz avec au menu le programme EUROPA, projet évolutif sur quatre années, qui
sera dédié à plusieurs capitales européennes dont Paris et Berlin en 2014.
Hot 8 Brass Band - Sexual Healing (TruThoughts Records)
La Nouvelle-Orléans toujours.... Bouillonnante et fertile malgré tout!
Formée en 1995, ce brass band allie les sonorités traditionnelles brûlantes des cuivres au hip-hop, au jazz, à la soul et au funk... Influencée par Tuba Fats, Leroy Jones, Louis Armstrong, JJ Johnson, Stevie Wonder, ou encore Jackie McLean, la fanfare interprète aussi bien "Sexual Healing" de Marvin Gaye que "Bingo Bango" des Basement Jaxx, "Ghost Town" des Specials ou encore "What´s My Name" de Snoop Dogg....
Prince, le plus sulfureux des fils spirituels de James Brown, nous revient avec un single aux sonorités ultra funky... "Da Bourgeoisie" est l'histoire de sa séparation avec un homme parti rejoindre une femme...
La jeune chanteuse
danoise Agnes Obel, nourrie de jazz et de musique classique, nous revient
avec un second opus intitulé « Aventine ».
Exilée à Berlin, elle a passé ces deux dernières années à confectionner, dans l’intimité
de son home studio, ce petit bijou folk éthéré
aux accents mélancoliques et « boisés » (dixit les Inrocks). Accompagnée
du violoncelle versatile d’Agnès Müller
et du piano hypnotique de Mika Posen,
la compositrice nous offre un disque autobiographique
touchant, convoquant les univers de Satie, Debussy, Tiersen et Lana Del Rey.
La belle Agnès, de sa voix pure et vaporeuse,
nous abreuve durant 11 titres, de mélodies
enivrantes et légères sonnant comme la bande originale d’une nuit d’automne
filmée par Jarmusch ou Burton… « Aventine » est une épure poétique rehaussée
de minimalisme celtique et de délicatesse féminine… Une merveille !
Installée à Paris, la jeune chanteuse et songwriter suédoise
Izzy Lindqwister nous offre son premier opus solo intitulé « Moon Beam
Cream ». Ayant forgé sa voix gorgée
de Soul à l’église, elle s’abreuve adolescente de Blues et de Rock’n’Roll.
À l’origine du groupe punk/rock parisien Rodéo
Massacre, la jolie blonde s’oriente ensuite vers un projet moins fougueux,
plus doux, lent et personnel, aux
accents Pop, Italo-disco, Reggae et Soul. Arborant des ambiances psychédéliques où reverb exagérée et synthés aériens
dégagent toute pesanteur, le disque foisonne d’influences diverses, de Giorgio Moroder à la Soul U.S. des 60’s
en passant par la New Wave de Yazoo. La surexcitée nordique s’apaise et
esquisse les contours d’une pop
singulière rétro-futuriste. À suivre !
Enfant, le futur crooner italien poussait déjà la chansonnette à l'église, dans plusieurs petites chorales, puis a rapidement collaboré avec une tripotée de stars populaires italiennes. Il se jette à l'eau en 2006, avec son excellent premier album "Handful Of Soul", aux accents Jazz, Blues, Bossa et Soul. "If" en 2009 marque son ancrage dans le registre Rhythm & Blues. Après des tournées, des duos et plusieurs participations à divers projets musicaux, le soul man à la voix chaude et puissante nous revient avec son dernier opus, arborant des sonorités funky voire disco, intitulé "Sun". Imaginez Franck Sinatra, Barry White et Jon Lucien chantant sur des arrangements à l'anglaise du temps des 90's et de l'air Acid Jazz, vous aurez alors une petite idée de sa palette sonore... On retrouve d'ailleurs des guests de choix de cette époque fameuse, comme Incognito, James Taylor ou Omar... Mario Biondi invite aussi les piliers d'une Soul classique et racée des années 70, Chaka Khan, Léon Ware et Al Jarreau partagent en effet quelques ballades groove langoureuses et sensuelles.
Le bassiste originaire de Philadelphie Derrick Hodge publie son premier album intitulé "Live Today". Ayant collaboré par le passé avec la crème de la scène Hip-hop/Nusoul (à savoir Q.Tip, Kanye West, Jill Scott, Timbaland, Musiq Soulchild, Anthony Hamilton et j'en passe...) le musicien/compositeur s'est aussi illustré dans l'écriture de musiques de films notamment pour Spike Lee.
Après sa signature chez Blue Note Records en 2011, c'est en Août dernier que Derrick entouré de ses invités parmi lesquels on remarque le chanteur Allan Hampton, le pianiste Robert Glasper ou encore le batteur Chris Dave, sort ses 14 perles jazz/Hip-hop/Groove...
On le retrouve ici avec le rappeur/acteur et mannequin Common, sur un morceau mixant jazz et slam au titre éponyme...
Le compositeur et pianiste jazz d'origine martiniquaise Grégory Privat publie, après "Ki Koté" paru en 2011, le sublime "Tales Of Cyparis".
Nous contant l'histoire du pêcheur de Saint-Pierre nommé Cyparis, qui fut le seul prisonnier rescapé de l'éruption de la montagne Pelée en 1902, le tout jeune pianiste expose avec fraîcheur et raffinement une écriture inspirée et un touché riche et lyrique. Son jazz emprunt de culture caribéenne n'en demeure pas moins moderne, libre et foisonnant.
Même si l'on peut le rapprocher des Chick Corea, Keith Jarrett ou Brad Meldhau, c'est à la virtuosité de Michel Petrucciani que l'artiste se réfère...
Sur "Precious Song", le pianiste/compositeur suédois Gustav Karlström (fils de la chanteuse Elisabeth Kontomanou) prête sa voix soul à un titre terriblement sensuel et puissant faisant explicitement référence à l'héritage de Stevie Wonder...
Ecoutez plutôt! Grégory Privat - Precious Song Feat. Gustav Karlström
(À noter la présence du guitariste magicien Manu Codjia sur plusieurs titres de l'album)
Profonde et ample, la soul minimaliste de l'anglaise Rosie Lowe, délicieusement electronica et glitch, est en passe de séduire un auditoire jusqu'ici acquis aux Sade, Jessie Ware et autres VV Brown.
Pour son premier EP, intitulé "Right Thing", la magnifique chanteuse et songwriter s'est entourée d'un duo haute couture, le producteur Kwes (actuellement chez Warp Recors, il a collaboré avec Damon Albarn, The Xx...) et du chanteur/guitariste Dave Okumu (membre du groupe britannique electro/rock The Invisible, il est apparu au côté d'Amy Whinehouse, Jane Birkin, Omar, Matthew Herbert...).
Un premier titre éponyme annonce la couleur et se déroule au ralenti entre un beat R&B traînant la patte et une voix sensuelle retouchée sonnant comme un écho...
L’américain Travis
Stewart aka Machinedrum est un
dompteur de sequencers, de boîtes à rythmes, de samplers, de claviers et autres
merveilles technologiques, démocratisées jadis par les prophètes de l’air
électronique Kraftwerk.
Basé à Berlin et tout juste entré dans l’escarcelle du
prestigieux label anglais Ninja Tune,
il impose sa nouvelle touche Junglepost Dub-Stepversatile et mélancolique.
Ayant grandi en Caroline du Nord, il commence sa carrière
musicale comme batteur dans la fanfare de son école et percussionniste dans un ensemble
africain. Plus tard, des études d’ingénieur
du son le mènent à exercer son savoir-faire de beatmaker à New York, pour d’autres artistes.
Son premier disque « Now
You Know » paraît en 2001 chez Merck
Records, âgé de seulement 19 ans il expose alors son goût pour le Hip-Hop (façon Abstract de Prefuse73),
l’Electronica (telle qu’elle est
pensée par ses mentors Alphex Twin et Autechre du label Warp) et les expérimentations sonores (à grands
renforts de glitchs et de Fx). Influencé par les sonorités urbaines, il s’éprend
plus tard de la frénésie des courants électro musclés (fortement dotés en Bpm)
comme la Juke de Chicago (vision
accélérée de la Ghetto House), la Ghettotech de Détroit et autre Footwork.
Revisitant les 90’s et leurs lots de Hardcore, de Jungle et de
Rave, Travis enregistre en 2011 son septième
disque « Room(s) », ce
dernier marque alors un tournant décisif dans sa carrière musicale l’élevant
d’ailleurs au statut de star de la scène
électro underground. Au lieu de s’orienter vers un style qui le séduit, il
préfère rester immerger dans son melting-pot d’influences et produire des morceaux composites, alliant des phases
down-tempo nappées de synthés hypnotiques et mélodiques à des moments up-tempo
effrénés, percussifs et dynamiques.
« Vapor City » s’inscrit par bien des aspects dans
la continuité deses 10 années de syncrétisme stylistique,
mais il exprime pourtant une évolution notable. Stewart y introduit en effet davantage
de complexité dans les enchaînements de ses différentes textures. C’est ainsi
que les touches contemplatives d’Ambient
(soufflées, paraît-il, par le duo écossais Warpien Boards Of Canada) saupoudrées de samples vocaux quasi omniprésents,
de quelques accents jazzy, ragga et R&B, ornent les cendres encore
brûlantes d’une Drum & Bass classique
et racée. Loin de la musique expérimentale cherchant à innover au-delà de
toutes considérations esthétiques, le beau « Vapor City » sonne comme
un revival d’une époque sous acide
révolue, mais regrettée. Plein de nostalgie donc, mais pas seulement… L’expert
signe une galette emplie de magie, de
retournements, de surprises et de clairvoyance. C’est un projet fertile en
devenir annonçant une suite malgré ses
tonalités mélancoliques, et non pas le constat flamboyant d’une culture
musicale passée à la trappe d’une industrie du disque parfois amnésique.
Machinedrum prolonge l’expérience de son album-concept par un site interactif et participatif, mis en ligne à l’adresse
suivante : http://machinedrum.net/et représentant le plan d’une ville numérique
- Vapor
City - qu’il bâti dans ses rêves depuis déjà plusieurs années. Les 10
titres forment la bande-son de ces
quartiers utopiques.
Asgeir – In
The Silence (One Little Indian Records)
La précédente claque islandaise m’a été donnée par Peter Von
Poelh alors qu’il sortait sa pépite folk “Going Where The Tea Trees Are” en 2006. Une
voix, une ambiance, des nuances, des harmonies et des mélodies magiques…
Aujourd’hui c’est le jeune prodige de
l’indie-pop nordiqueAsgeir qui,
avec ses chansons légères et aériennes, part à la conquête de la scène folk européenne et nord américaine. Publiant
« In The Silence », la version anglophone de son premier album qui lui
valut des nominations aux Island Music Awards et au Nordic Music Prize, le
chanteur/songwriter et guitariste combine avec délicatesse des éléments électroniques et acoustiques,
posant sa voix emplie de spleen et de douceur sur les textes originaux et
poétiques écrits par son père. Les 10 titres de « In The Silence », avec
leurs incursions pop-rock (« Torrent »), electro soft-pop (« Going
Home ») et même glitch (« Head In The Snow ») seraient à classer
dans un registre hybride: lafolktronica.
Forcément avec un tel titre, l’album du trio jazz originaire des FlandresLabtrio, prend le risque d’être rapproché, avant même sa première
écoute, du célèbre courant artistique Fluxus, actif pendant les années 60 et
70. Prônant souvent avec humour une liberté totale, ces artistes revendiquaient
un refus des institutions artistiques et des limites imposées à leur pratique
de l’art, et c’est précisément de rupture des frontières qu’il s’agit avec nos
trois jeunes belges tout fraîchement sortis de l’adolescence. En effet, le
batteur Lander Gyselinck, la
contrebassiste Anneleen Boheme et le
pianiste Bram De Looze s’évertuent
au travers de leurs 9 compositions à nourrir
leur jazz instrumental de musique classique moderne, de pop et d’électro. L’écriture
de Lander y est très contemporaine, entre mélodies
lyriques et harmonies complexes elle offre une large place à l’improvisation et reconnait l’héritage légué par
les géants tels que Paul Motian ou Miles Davis. Labtrio place la barre très
haute avec ce premier opus enregistré dans les fameux studios de la Buissonne
près d’Avignon.
Magnifique chanteuse aux airs de Jill Scott, Laeticia N’Diaye possède la voix soul des grandes divas, elle déploie
son timbre sur les compos R&B de
son acolyte le claviériste Julien Grandon
et les productions, orientées black busic,
de Nicolas Gueguen. Leur projet Malabar
Watson réunit une excellente section rythmique 100 % made in France. On y
compte Moon (bassiste de Juan Rozoff),
Enrico Mattioli (batteur de Beat
Assaliant) et Thomas Broussard
(guitariste d’NTM…), autant dire que du lourd ! L’EP se compose de 7
titres aux allures funky, hip-hop et jazzy, dont 3 remixes sur lesquels on retrouve les danois Dafuniks et leur patte soul/electro, les français Bost & Bim et leurs sonorités reggae/dancehall puis le Dj Dee Nasty en personne, pour une version
très nu soul de « No One To Blame ».
À suivre de très près… !
C’est un bien joli objet pop-rock que les cinq toulonnais de Twin Apple nous offrent.
Solaire, acidulé et coloré, ce deuxième opus autoproduit paraît avec le soutien
de l’association varoise Tandem. « After The Endless Day » déploie une pop mélodique forcément influencée
par les sonorités d’Outre-Manche,
mais reconnaissante de cet héritage… L’album est empreint de cette touche anglaise resurgissant des 60’s
et 70’s si familière et efficace, avec ses rythmiques de guitares
acoustiques et électriques justement dosées, ses accords de piano plaqués
sobrement et la voix authentique de Gabriel Arnaud, meneur du projet.
Le duo initial, composé de Didier Malherbe au Doudouk et aux
flûtes ainsi que de Loy Ehrlich au Hajouj, Gumbass et Yayli Tanbur, était devenu trio avec la venue du joueur de
Hang, Steve Sehan. Pour la première fois en quartet, la formation Hadouk s’enrichie
du batteur/percussionniste et chanteur Jean-Luc Di Fraya et remplace Steve (parti
pour développer son projet solo) par le guitariste Eric Löhrer. Musicalité et
virtuosité sont toujours au rendez-vous, naviguant entre sonorités jazz et
world. Légèreté, rêverie, ballade et voyage en Orient et en Afrique sont de
mise dans cette délicate carte postale musicale intitulée, non sans humour, « Hadoukly
Yours ».
Le combo américano-néerlandais, composé à la base du chanteur Phonte Coleman et du producteur Nicolay (Matthijs Rook), publie un cinquième opus intitulé "Love In Flying Colors". Débutant leur collaboration à distance en 2002, ils produisent leur premier disque "Connected" en 2004 par mails interposés. Aujourd'hui, Foreign Exchange est installé en Caroline du Nord, fort d'une nomination aux Grammy's Awards en 2009, le groupe a acquis une certaine notoriété dans le milieu du R&B. Un cocktail savamment dosé entre hip-hop, néo-soul, funk et électro dévoile 10 titres séduisants et parfaitement produits, où le groove règne en maître absolu.
Hiatus
Kaiyote – Tawk Tomahawk (Flying Buddha Music/Sony Masterworks)
Comme quoi une ballade chez son disquaire réserve encore des
surprises… Une pochette étrange montrant le dessin d’un coyote gueule
grand-ouverte (façon esprit vengeur de la Princesse Mononoké d’Hayao Miyazaki),
le regard jaune et menaçant, derrière deux grues représentées en origami le
narguant avec un serpentin rouge… Une couverture assez énigmatique mais plutôt
efficace car la curiosité me met le casque à l’oreille… Puis là, deuxième effet Kiss Cool…
Né sous l’impulsion de la chanteuse, guitariste et
songwriter Nai Palm, Hiatus Kaiyote
est la vision futuriste d’une Soul
éclairée, cultivée, généreuse et organique. Rejoint par le bassiste Paul Bender, le touche-à-tout Perrin Moss et le claviériste Simon Mavin, l’alchimie opère et le
projet prend forme attirant comme un aimant le soutien des plus grands comme le
batteur chevelu des Roots, Questlove ou le Dj anglais Gilles Peterson (BBC
Radio 6 Music).
L’album « Tawk Tomahawk » est paru pour la première
fois en 2012 sur Bandcamp, il débarque cette année sous la signature Flying
Buddha du label Sony Masterworks.
Le quartet australien basé à Melbourne est parvenu à extraire
la « substantifique moelle » du courant NuSoul, dont les mètres
étalons furent mis en place dés les 90’s par les immenses Erikah Badu, Bilal et
autres Raphael Saadiq ou Music Soulchild. Mais son génie est
d’avoir autant puisé son répertoire musical dans l’opéra que dans les musiques
urbaines et électroniques. En effet, le titre « Malika » est tiré
de Lakmé composé par le français Léo
Delibes à la fin du XIX° siècle, il s’inspire de ce fameux air immortalisé
entres autres par Natalie Dessay : « Le Duo des Fleurs ». On
note par ailleurs que l’instru du morceau est un montage abstract hip-hop des plus délectables (à rapprocher des travaux du
producteur américain Flying Lotus),
avec les lignes de basse clé-de-voûte de Bender
soutenant l’ensemble par son groove imparable.
En ouverture, c’est le très atmosphérique et mystérieux « Mobius
Streak » (le fameux ruban rouge de la pochette ?) qui nous mène en
bateau entre ballade électro-soul et
ambient experimentale. Nai Palm y dévoile une voix touchante, approchant celle d’une Lauryn Hill dans ses meilleures heures, tandis que les claviers de Simon Mavin nous enivrent et nous
transportent vers des contrées délicatement syncopées par le broken beat éblouissant de Perrin Moss.
« The World It Softly Lulls » nous offre ensuite une
ambiance néo-soulfeutrée où D’Angelo pourrait facilement y poser ses mots doux et son groove
sensuel façon « Spanish Joint ». La chanteuse choisi pourtant d’y
imposerun flow tranchant et
revendicatif, un slam tempétueux sur
une rythmique funk éthérée aux
accents de guitare jazz.
Un interlude instrumental interstellaire « Leap
Frog » nous fait glisser vers « Malika » puis
« Ocelot » et « Boom Child », deux courtes plages aux beats
hip-hop brutaux et crasseux (pas
bien éloignées de certaines productions de Madlib).
« Lace Skull » déverse ensuite sa Soul électrisante et tumultueuse,
s’amorçant avec un arpège de guitare et quelques accords de piano puis se
terminant par un déferlement psychédélique.
C’est Jay Dilla
(RIP), énorme producteur de Détroit, qui semble avoir tissé les trames de ces
trop brefs « Rainbow Rhodes » et « Sphynx Gate », où Fender
Rhodes, MPC, choeurs et basses font leur office dans ces célébrations légères
et groovy à la musique promue par des labels tels que Stone Throw Records et
Okayplayer.
Enfin « Nakamara » vient clore ce pur bijou. Un
titre coloré et nusoul en puissance, sans boîte à rythme ni nappe électronique,
du groove à l’état brut, faisant directement allusion à l’identité australienne
du groupe. Le rappeur QTip (des
Tribe Called Quest) fait une apparition dans une version exclusive présente
dans la toute récente ré-édition du disque.