jeudi 13 décembre 2018

Blinky Bill - Everyone’s Just Winging It and Other Fly Tales (Lusafrica/The Garden)

Blinky Bill - Everyone’s Just Winging It and Other Fly Tales (The Garden/Lusafrica)

Comment ne pas fondre sous la chaleur des sonorités clubs du chanteur, Dj et beatmaker basé à Nairobi, Blinky Bill, musicien emblématique du collectif Just A Band, qui en 3 opus a inventé l'avenir de la scène urbaine kényane ?
Repéré par Elodie Da Silva, qui succède à son père à la tête du prestigieux label Lusafrica, il publie son premier effort solo baptisé Everyone’s Just Winging It and Other Fly Tales. Un disque vibrant et soulful, gorgé d'un groove hypnotique et protéiforme connecté aux folklores Est-africains. Composé de 12 productions électro hip-hop musclées et raffinées (on pense parfois à Kaytranada), alignant des mélodies accrocheuses et fédératrices, l'album flirte avec l'afro house ("Showdown") et le R&B ("Mungu Halali"), fusionnant avec brio les vibrations funk et afro-pop ("Feeling It", "Happy"), jazzy et néo soul ("Bills To Pay"), future soul ("I'll Care More Next Time") et trap ("Don't Worry").
Blinky Bill a convié pour l'occasion une pléiade d'invités plus talentueux les uns que les autres, nous retiendrons les interventions inspirées de Nneka et Petite Noir dans l'afro soul "Oh Wah" et Sampa The Great, poétesse zambienne basée à Melbourne qui impose son flow de fou, dans l'excellent "Let That Go".




mercredi 12 décembre 2018

Lusafrica 30th Anniversary Album (Lusafrica)

Lusafrica 30th Anniversary Album (Lusafrica)

Lusafrica, c'est 30 ans d'histoire discographique lusophone et africaine marquée bien évidemment par le parcours flamboyant d'une icône touchante et charismatique. La reine de la mornaCésaria Evora, chanteuse capverdienne originaire de Sao Vicente, se remit en scène à presque 50 ans, grâce au flaire d'un visionnaire passionné, José Da Silva, fondateur du label en 1988, agissant sous les conseils avisés d'une autre figure emblématique de la maison de disques, François Post (dirigeant de la société d'édition Africa Nostra).
Bien qu'il fut destiné à l'origine à la promotion de l'oeuvre de la diva aux pieds nus, Lusafrica a su rapidement se diversifier en publiant les albums d'autres artistes capverdiens (Noberto Tavares, Tito Paris et plus récemment Lura, Elida Almeida ou encore Lucibela), et s'ouvrir à d'autres sonorités venues du Gabon (Pierre Akadengue, Olivier N'Goma), du Mali (Boubacar Traoré), de l'Angola (Bonga) et de Cuba (Luis Morais, Orquesta Aragon, Septeto Habanero, Polo Montanez).
Désormais entre les mains d'Elodie Da Silva, qui poursuit et développe l'oeuvre de son père devenu l'an dernier président de Sony Music Entertainment à Abidjan, Lusafrica se devait donc de fêter ses 30 années d'existence et son parcours singulier, avec un album anniversaire, une compilation de 10 titres exprimant autant le passé que l'avenir du label. Y figurent 5 enregistrements incontournables des légendes que sont Bonga, Césaria Evora, Polo Montanez, Boubacar Traoré et Tito Paris, ainsi que leurs remixes édifiants, orchestrés par la nouvelle scène électronique africaine.



Gustave Reichert - Take Off (Jazz Family)

Gustave Reichert - Take Off (Jazz Family)

Enregistré chez Didier Lockwood (RIP) en 2017, Take Off est le premier opus du guitariste français Gustave Reichert, fils de la comédienne et chanteuse Clémentine Célarié et frère du réalisateur, producteur et rappeur Tismé, ainsi que de l'acteur Balthazar. Entouré du saxophoniste Maxime Berton, du pianiste Simon Chivallon, du contrebassiste Gabriel Midon et du batteur Baptiste Castets, le jeune musicien nous livre un disque alignant 11 compositions originales, nourries de be-bop, de cool jazz, de hard-bop et de post-bop, puisant leurs influences chez les pionniers - souvent pianistes d'ailleurs mais pas que - Thelonious Monk, Chick Corea, Gerry Mulligan, Lennie Tristano ou encore Wayne Shorter et John Coltrane. Son jeu est, quant à lui, empreint du swing des géants de la guitare jazz des années 50, je pense notamment à Jim Hall ("Sky", "Wow"), Wes Montgomery ("Stars") ou encore Kenny Burrell ("Milky Way"). Le son légèrement saturé et le touché minimaliste plus contemporain de John Scofield se dégagent également de quelques morceaux tels que "Take Off" et "Pulsar". Ailleurs, la soul surgie au détour d'un splendide et vibrant "Nature", où brille le slam saisissant de Tismé...
Originaire de Vaison-La-Romaine et formé entre Aix-en-Provence, Bordeaux, Londres et Paris, Gustave publiait son disque le 26 Octobre dernier sur Jazz Family... Un artiste talentueux à suivre de près!

Bireli Lagrène - Storyteller (Naïve/Believe)

Bireli Lagrène - Storyteller (Naïve/Believe)

Le magicien de la 6 cordes, Bireli Lagrène, nous revient via Naïve avec un nouvel opus intitulé Storyteller. C'est à chaque fois un événement lorsque le plus brillant disciple du taulier manouche Django Reinhart publie un disque, et qui plus est lorsqu'il est si bien accompagné. En effet s'illustre à ses côtés un tandem incontournable de la scène jazz internationale, formé par le batteur/percussionniste parisien Mino Cinélu et le contrebassiste américain Larry Grenadier, une nouvelle formule pour le guitariste alsacien. Ensemble ils interprètent 12 titres, dont plusieurs standards ("My One and Only Love", "Stella By Starlight", "On Green Dolphin Street"), comme jamais ils ne furent joués auparavant, avec une énergie rare et une virtuosité étincelante sans lourdeur aucune. Le jeu brillant de Biréli n'est jamais plus intuitif et expressif que lorsqu'il s'arme d'une guitare acoustique, les sonorités métalliques et cristallines des notes qu'il pince et son touché unique des plus précis, brille de mille feux avec une clarté qui parle à tous, y compris aux auditeurs non initiés.
S'éloignant un temps de ses propos fusion et gipsy, Lagrène revisite et réarrange dans Storyteller des thèmes fondamentaux qui ont jalonnés sa vie de musicien, reprenant par exemple le célèbre hymne soul de Bobby Hebb "Sunny" ou le sublime "Wave" d'Antonio Carlos Jobim, ici boosté aux stéroïdes et porté par un groove édifiant. Partenaire des plus grands, de Jaco Pastorius, John Mc Laughlin et Pat Metheny à Didier Lockwood, Richard Galliano et André Ceccarelli, le guitar hero s'amuse également à remodeler ses propres compositions, l'étincelante "One Take" (ouverture du disque) retiendra particulièrement notre attention, elle qui fut écrite en 2015 pour l'opus D-Stringz, dans lequel intervenaient les cadors Jean-Luc Ponty et Stanley Clarke.



mardi 11 décembre 2018

Fiona Monbet - Contrebande (Label Crescendo)

Fiona Monbet - Contrebande (Label Crescendo)

La jeune violoniste parisienne Fiona Monbet, épaulée à la composition par le guitariste Samuel Strouk, présente sur le Label Crescendo son second opus baptisé Contrebande. Flirtant tendrement avec la musique classique et le jazz, son répertoire aux saveurs boisées et composé de 10 thèmes inspirés, promène l'auditeur à travers des paysages aux contours soignés où se croisent avec raffinement les aires d'une "Valse", d'un swing manouche ("Bless You Is My Woman Now"), d'un "Tango" ou d'une ballade brésilienne ("Luiza"). S'y côtoient également les folklores celtiques ("A Song") et andalous ("Irlandalou") puis un solo attendrissant ("L'Aveu")... Le tout interprété par un casting d'équilibristes, Pierre Cussac à l'accordéon, Antoine Boyer à la guitare acoustique et Damien Véraillon à la contrebasse.


Marc Berthoumieux - Le Bal Des Mondes (Sous La Ville/Absilone/Socadisc)

Marc Berthoumieux - Le Bal Des Mondes (Sous La Ville/Absilone/Socadisc)

C'est entouré d'un casting exceptionnel que l'accordéoniste Marc Berthoumieux nous présente son dernier opus baptisé Le Bal Des Mondes. Influencé par les rythmes, les couleurs et les sonorités d'ici et d'ailleurs, le compositeur savoyard propose à l'auditeur un tour du monde en 14 compositions inspirées et délicieusement romancées, domestiquant avec maestria et tendresse, la liberté et le raffinement du jazz, pour mieux le combiner à la force mélodique de la pop et à la profondeur des folklores marquant notre imaginaire collectif. S'y télescopent joyeusement les traditions issues des Amériques et d'Afrique du nord, d'Europe et des Caraïbes... dans une célébration de la rencontre et du partage. Si un brin de nostalgie se dégage de ce sublime Bal des Mondes, notamment lorsque la voix de Claude Nougaro résonne dans la chanson "Fleur Bleue", c'est surtout la chaleur des arrangements et la subtilité du jeu des musiciens qui marquent les esprits. Secondé par sa garde rapprochée formée par Giovanni Mirabassi au piano, Louis Winsberg à la guitare, Laurent Vernerey à la basse et Stéphane Huchard à la batterie, Marc s'est également adjoint les services d'invités prestigieux parmi lesquels figurent le pianiste Jean-Pierre Como, le percussionniste Mino Cinélu ou encore l'emblématique chef d'orchestre et saxophoniste, Pierre Bertrand...


Diego Imbert - Urban (Trebim Music/L'Autre Distribution)

Diego Imbert - Urban (Trebim Music/L'Autre Distribution)

C'est à la contrebasse que le parisien Diego Imbert s'illustrait il y a peu, aux côtés de Sylvain Boeuf et Michel Perez dans Triple Entente (2016), d'André Ceccarelli et Enrico Pieranunzi dans Tribute to Charlie Haden (2017) et Monsieur Claude (A travel with Claude Debussy) (2018). Revenant à ses premières amours, il renoue dans son nouvel opus très justement baptisé Urban, avec la basse électrique de sa jeunesse, y exprimant un jazz musclé et dynamique au groove hypnotique et fédérateur, inspiré des musiques afro-américaines des années 70. Réalisé par Eric Legnini, le disque nous livre 8 compositions évocatrices aux sonorités urbaines électrisantes et cuivrées, rappelant parfois la période électrique de Miles Davis ("Urban") ou la fusion jazz-funk de Weather Report ("Bridges"). Gorgés de soul, les titres "Delayed", "Werewolf" et "Moovies" s'alignent avec des moments new-orléans comme "Marchin'", bossa nova comme "Twins" et même afro-caribéens comme le chaloupé "Brixton Market". Entouré de ces fidèles acolytes David El-Malek au sax ténor, Quentin Ghomeri à la trompette et Franck Agulhon à la batterie, Diego a pour l'occasion gonflé la voilure de son quartet en allant embaucher deux souffleurs supplémentaires, l’incontournable Pierrick Pedron au saxophone alto et Bastien Ballaz au trombone, il est également allé chercher le claviériste Pierre-Alain Goualch qui s'illustre remarquablement au Fender Rhodes.