mardi 10 mai 2016

Baeshi Bang - Baeshi Bang (Buda Music)


Baeshi Bang - Baeshi Bang (Buda Music)

Le saxophoniste et producteur Etienne de la Sayette nous avait habitué à ses incursions afro groove avec les projets Akalé Wubé (éthiojazz) ou Maputo Queens (afrojazz)… Mais c'est dans un hommage risqué au crooner sud coréen Bae Ho qu'on le retrouve aujourd'hui, entouré de son nouveau groupe parisien Baeshi Bang. L'idée étant de rependre instrumentalement les compositions du chanteur populaire disparu en 1971 et totalement oublié depuis, le quintet composé de Victor Michaud (cor et orgue), françois Chesnel (piano), Loïc Réchard (guitare) et Stefano Lucchini (batterie) se permet de les réarranger à sa propre sauce où jazz, rythm'n'blues, musique de film et K-pop vintage se mêlent habilement sans jamais tomber dans le kitsch. Baeshi Bang nous offre la relecture subtile, tendre et délicate d'un répertoire qui ne nous est absolument pas familier, un cocktail exotique de toute beauté !

mercredi 4 mai 2016

Joeski - Clap Yo Handz Feat. E-Man (Defected Records)

Joeski - Clap Yo Handz Feat. E-Man (Defected Records)

Le Dj/producteur new-yorkais Joe Flores aka Joeski dévoilera le 23 Mai prochain chez Defected son nouveau titre orienté club intitulé "Clap Yo Handz". Dans le circuit depuis plus de 25 ans, ce natif de Brooklyn débute sa carrière sur la scène house underground en 1989, dans le Queens. Il amorce ensuite une ascension qui le mènera à mixer en Amérique latine, en Europe, en Asie, en Australie, en Nouvelle Zélande ou encore au Canada et à produire pour différents labels dont Siesta, Electrik Soul, Ministry et Junior Boys Own. S'étant illustré auprès de légendes telles que Little Louie Vega ou Roger Sanchez, il a collaboré avec Sneaker Pimps, Dirty Vegas, Dj Snake ou bien Dj Chus.

Il nous offre sa nouvelle bombe deep-house armée d'une solide ligne de basse et de vocaux soulful délivrés par Eric 'E-Man' Clark, nous livrant en bonus la version "Dub", plus musclée et parée de reflets techouse.

"Clap Yo Handz" apparaît dans le podcast du label anglais:


Karl Jannuska – Midseason (Shed Music/Absilone)

Karl Jannuska – Midseason (Shed Music/Absilone)

Invité tout récemment à participer aux albums de Michael Felberbaum (Lego) et Olivier Bogé (ExpandedPlaces), le batteur canadien Karl Jannuska est devenu depuis qu'il s'est installé dans l'hexagone en 2000 une figure incontournable de la scène jazz française. C'est pourtant un répertoire flirtant avec l'indie pop qu'il nous présente dans son 5° opus intitulé Midseason. Conviant la chanteuse Sienna Dahlen et le chanteur Denzal Sinclaire, Karl exprime ici pleinement ses talents d'auteur et de compositeur, élaborant 13 chansons délicates aux ambiances éthérées ("Sleeplessness") et aux arrangements sophistiqués parfois dissonants ("Montreal Ballet"). Le groove y est toujours présent et parfois même électrisant ("Dear In Headlights"), l'artiste le met en valeur par des rythmiques de batteries et de percussions singulières qu'il renforce par de solides lignes de basse orchestrées par Julien Herné. Ainsi se forme une assise rassurante où viennent s'étreindre les voix tendres de ses compatriotes, les claviers aérés de Tony Paeleman et les guitares versatiles de Pierre Perchaud. Entre éloge de la lenteur ("Selective Memory") et tempo plus soutenu ("Earlybird"), ombre ("Canada Famous") et lumière ("My Head Is A Musci Box"), Midseason déploie des mélodies pop tantôt accrocheuses ("Greener Grass") tantôt oppressantes voire psychédéliques ("Do I Hear Happiness Here?")…
 

mardi 3 mai 2016

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (April 16 Week 04)



Quelques titres extraits des toutes récentes actualités abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Ask Koosha, Idris Ackamoor & The Pyramids, M.A.K.U. Soundsystem, Mor Karbasi, Son Of Dave, Mélanie de Biasio, nOx.3.

Banda Black Rio – Maria Fumaça (Mr Bongo)


Banda Black Rio – Maria Fumaça (Mr Bongo)

Toujours à nous régaler avec ses ré-éditions de galettes improbables, oubliées et devenues rarissimes, le label Mr Bongo publie aujourd'hui un classique du funk brésilien des années 70, l'album Maria Fumaça, paru en 1977 et premier des 6 efforts de la formation carioca Banda Black Rio. Adeptes du groove soul/funk des grands frères nord-américains tells qu'Earth Wind & Fire, Kool And The Gang ou Headhunters, les musiciens Barrosinho à la trompette, Cristovao Bastos aux claviers, Claudio Stevenson aux guitares, Jamil Joanes à la basse, Oberdan Magalhaes au saxophone et Lucio Silva au trombone ont développé, à l'instar de leur immense compatriote le Godfather Tim Maia, une savoureuse fusion aux reflets tropicalistes, intégrant aux sons de la Stax et de la Motown quelques ingrédients locaux empruntés à la samba. 10 titres essentiels comptant, selon le magazine Rolling Stone Brazil, parmi les 100 meilleurs albums brésiliens de tous les temps.
A noter l'excellent titre "Mr Funky Samba"... Incontournable!

vendredi 29 avril 2016

Ash Koosha - I Aka I (Ninja Tunes)


Ash Koosha - I Aka I (Ninja Tune)
L'écurie anglaise Ninja Tunes nous présente le dernier obus sonore du producteur iranien Ash Koosha. Installé à Londres après s'être fait emprisonner pour avoir donné un concert de rock dans son pays natal, cet as de l'échantillonnage maltraite, étire, découpe et déforme un tas de samples dans des compositions électroniques expérimentales et barrées, répondant pourtant à des structures rythmiques et mélodiques inspirées par la musique classique, aussi bien perse qu'occidentale.


Les expérimentations electronica d'Aphex Twin et la violence sonique du post-rock de Mogwai ne sont pas étrangères au travail du beatmaker, qui avoue aussi avoir été touché par les ambiances trip-hop de Portishead et Massive Attack. Mais davantage intéressé par la fréquence et la présence physique et visuelle du son, il va traiter son vaste répertoire d'échantillons comme un tas d'objets qu'il doit assembler et articuler dans un certain ordre, c'est alors qu'entre en jeu la rigueur acquise lors de ses classes au Conservatoire de Téhéran, histoire de donner un sens musical à cette débauche de bruits, de notes et de matières audibles.

Ce second opus intitulé I Aka I succède à GUUD paru en juin 2015 et qu'il façonna en écoutant les maîtres Vivaldi, Wagner et Chopin. L'artiste y remplaça les instruments traditionnels que sont le piano, les violons, violoncelles et cuivres par des glitchs et autres sons inconnus ou méconnaissables. A l'instar d'un alchimiste, il désassemble, mélange puis réassemble. Hip hop, rythmes jamaïcains, pop et folklores se frottent aux breakbeat, dubstep, ambient et autres musiques électroacoustiques un peu à la manière des héros du genre comme Prefuse 73 ou Fourtet. Si des titres down-tempo comme "Eluded", "Buitiful" et "Growl" s'écoutent assez facilement avec leurs mélodies plus ou moins discernables et leurs nappes de synthés atmosphériques réconfortantes, il en est tout autrement avec les ambiances post-apocalyptiques et dissonantes ou les rythmiques fragmentées, fulgurantes et saturées de "Ote", "In Line", "Fool Moon" ou "Too Many" (où l'on devine en filigrane la "Sonate au Clair de Lune" de Beethoven). On notera les influences manifestes du Moyen-Orient, qui transparaissent au travers de quelques bribes mélodiques dans "Shah", "Mudafossil" ou "Make It Fast"

Ash Koosha accouche d'un disque détonnant, un objet sonore non-identifiable qui se laisse approcher difficilement! Peut-être sa vision musicale d'un Cubisme expressionniste?

Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)


Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)

Pulsations afro, sophistication jazz, magie funk et reflets psychédéliques ont fait bon ménage aux USA et en Afrique dans les années 70, puis le filon s'est tari peu à peu… Devenus rares et collectors, ces projets gravés sur vinyle et influencés par les travaux de quelques gourous tels que James Brown, George Clinton, Sly Stone pour le funk et Sun Ra, Alice Coltrane ou Pharoah Sanders pour le jazz/fusion, s'échangent aujourd'hui à prix d'or. Autour de cet engouement toujours croissant pour ces sonorités vintages dont le Ghana, le Nigeria, le Congo ou le Sénégal ont été de grands pourvoyeurs, les maisons de disques se sont mises à rechercher ces trésors oubliés, rééditant des perles disparues ou participant à la reformation d'anciens groupes mythiques.

Strut Records s'est ainsi rapproché du groupe légendaire The Pyramids, fondé dans l'Ohio en 1972 et affiné à Paris sous l'impulsion de son leader charismatique et mystique, Idris Ackamoor. Héritier d'une lignée de musiciens nés au Etats-Unis mais ayant effectué un retour aux sources dans le berceau de l'humanité, le saxophoniste multi-instrumentiste accompagné de ses acolytes Margo Simmons à la flûte et Kimathi Asante à la basse, a bâtit une musique spirituelle, consciente et militante aux accents afrobeat, P-funk, free, éthio et cosmic jazz.

Séparés en 1977 après avoir sorti 3 albums emblématiques et avant-gardistes qui succédèrent à leur voyage initiatique en Afrique (Lalibela en 1973, King Of Kings en 1974 et Birth/Speed/Merging en 1976), The Pyramids reprennent du service en 2010 et publient en 2012 Otherwordly. Gilles Peterson salue alors l'ensemble de leur œuvre en décernant à Idris un Lifetime Achievement Award lors de sa fameuse cérémonie annuelle des Worldwide Awards.

Le 27 Mai prochain paraîtra We Be All Africans, dernier opus de ces légendes de l'afro jazz/funk, enregistré à l'ancienne au Studio Philophon de Berlin avec la collaboration du batteur Max Weissenfeldt. Grâce à ce dernier les musiciens se plient au son analogique, à sa chaleur et à son grain… On y retrouve la tendance astrale et psychédélique de leurs débuts, comme s'ils reprenaient les choses là où ils les avaient laissées il y a 40 ans, avec la même énergie, la même fougue et un désir d'aventure et de partage toujours omniprésent. On notera la présence solaire de la chanteuse indienne Bajka dans le mélancolique "Silent Days", single à venir très bientôt!

 

‘We Be All Africans’ is a message of survival. A message of renewal. A message that we are all brothers and sisters. We are all one family, the human family and we need one another in order to survive on this planet that we all share.
Idris Ackamoor