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mercredi 23 juin 2021

Gaël Faye - Lundi Méchant (Excuse My French)

Gaël Faye - Lundi Méchant (Excuse My French)

La poésie urbaine et chaloupée de Gaël Faye, son flow entêtant et son verbe incisif, sont une fois de plus à l'ouvrage dans ce nouvel opus, que l'auteur-compositeur-interprète, rappeur et écrivain franco-rwandais, publiait le 06 Novembre dernier sur le label indépendant Excuse My French

Nommé dans la catégorie « Album de l'année » des Victoires de la musique 2021, ce second effort baptisé Lundi Méchant, rassemble 14 titres, tous écrits par l'artiste à l'exception de "Seuls et vaincus", poème vibrant composé par l'ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira. Reprenant le nom des soirées festives et anticonformistes du 5 SUR 5 - une boîte de nuit emblématique du quartier populaire et cosmopolite de Bwiza (à Bujumbura, capitale économique du Burundi) - Gaël Faye nous invite à se soustraire à l'ordre établi et d'avancer à contre courant. « Se rendre aux "Lundi Méchant" c’est faire un pied de nez à la société moderne qui encadre l’individu dans des horaires et des carcans qui voudraient que l’on attende sagement le week-end pour s’amuser. »

Fuyant la guerre civile du Burundi et le génocide des Tutsis au Rwanda, il débarque à Paris en 1995 et découvre dans l'écriture et le hip-hop un exutoire à sa douleur et à sa colère. Face à cet exil forcé, au déracinement et à la perte de ses repères, il se reconstruit, poursuit des études dans la finance puis part deux ans pour la City, dans les bureaux d'un fonds d'investissement. La musique prendra finalement le dessus et son premier opus solo Pili Pili sur un croissant au beurre - enregistré entre Bujumbura et Paris - paraîtra finalement en 2014 sur le prestigieux Motown France.

Enfant du hip-hop ayant intégré les leçons d'Afrika Bambaataa, Nas, Rakim ("NYC") ou encore Questlove, grand admirateur des montres sacrés de la chanson françaiseBrel, Brassens et Gainsbourg, mais également fasciné par l'acteur et militant des droits civiques new-yorkais Harry Belafonte, il nous livre une œuvre optimiste et "anti-morosité", à cheval entre l'Afrique des Grands Lacs et la France, entre la danse de "Chalouper" et la tendresse folk de "Kwibuka". Nourrie d'influences musicales plurielles, sa musique engagée ("Lundi méchant") laisse échapper les rythmiques irrésistibles du semba angolais ou de la rumba congolaise, ainsi que les mélodies pop  envoutantes ("Kerozen"), qu'élaborent avec lui ses fidèles complices, le musicien Guillaume Poncelet et le producteur Louxor

A plusieurs reprises, Gaël a choisi de s'entourer d'invités prestigieux, histoire d'offrir encore davantage de couleurs et de nuances à ses textes. S'y côtoient ainsi Harry Belafonte (apparaissant dans "JITL", une adaptation de son succès intemporel "Jump In The Line"et Jacob Banks (crooner nigérian installé à Birmingham), la diva franco-canadienne Mélissa Laveaux ou encore le chanteur et guitariste rwandais/congolais Samuel Kamanzi. Le timbre de voix du slameur, à la fois doux ("Histoire d'Amour", "Zanzibar") et rageur ("Lueurs"), capte l'auditoire et fait mouche à chaque mot, cherchant tour à tour à émouvoir, à interpeller - sur des thèmes sensibles et parfois autobiographiques ("C'est Cool""Respire") - ou à faire danser ("Boomer", )... 

A découvrir...!




mercredi 14 octobre 2020

Flem - Nomades

Flem - Nomades 

 Le rappeur français originaire de la région parisienne Flem nous revenait le 18 Septembre dernier avec Nomades, nouvel opus engagé et militant, composé et arrangé par le chantre malien du blues africain, Vieux Farka Touré. A travers les 6 titres de son recueil produit entre Bamako et Paris, où se mêlent les sonorités mandingues ("Mali") aux textes hip-hop ("Nomades") et le reggae ("Conscience") à la musique assouf ("Le Bonheur c'est les Autres"), Flem semble s'inscrire dans la lignée des incontournables  slammeurs hexagonaux Oxmo Puccino et Abd Al Malik. Egalement inspiré par les icônes absolus de la chanson française tels que Brel ou Brassens, il nourrit depuis son adolescence une passion pour le Mali, qui s'est matérialisée en 2009 à la suite d'une rencontre décisive avec deux artistes d'exception: Vieux Farka Touré devenu son frère de son et que les médias américains décrivent comme Le Hendrix du Sahara, ainsi que la harpiste Katell Boisneau, œuvrant dans Nomades aux côtés des claviéristes Matthias Mimoun et Dave Remy, du bassiste Valess Assouan, du percussionniste Mamadou Koné et des chanteu(ses)rs Amy Dsya, Ras Laji et Magou Samb.




lundi 30 mars 2020

Nicolas Repac - Fleury (Mix et Métisse/Jarring Effects/L'Autre Distribution)

Nicolas Repac - Fleury (Mix et Métisse/Jarring Effects/L'Autre Distribution)

Le guitariste français Nicolas Repac, alter ego d'Arthur H et pilier de la scène electro-jazz hexagonale, nous revient avec le vibrant Fleury, un recueil brûlant de productions hip-hop inspirées qui mêlent avec une rare intensité le rap, le slam, la chanson et les sonorités world, jazz et soul. Composé à partir de 11 textes écrits et interprétés par les détenus de la prison de Fleury Mérogis, le projet nous rappelle bien sûr le Zomba Prison Project de Ian Brennan (2015), enregistré avec soixante pensionnaires de la seule maison d'arrêt de haute sécurité du Malawi.
La poésie qui en découle, brutale, touchante et authentique, interpelle l'auditeur et le confronte à une large palette d'émotions, de vécus et de problématiques (solitude, errance, déracinement, identité, misère sociale et amoureuse...). Sans filet, elle flirte avec l'intime dans une mise à nu sans artifice.

mardi 10 mars 2020

Hila - 21 (Underdog Records/Bigwax Distribution)

Hila - 21 (Underdog Records/Bigwax Distribution)

Le 14 Février dernier, David kiledjian alias Dawatile, producteur multi-instrumentiste à l'origine du projet lyonnais future soul Dowdelin, nous revenait chez Underdog Records avec 21, premier opus du tandem Hila, qu'il forme avec le violoncelliste arménien basé à Los Angeles, Artom Manukyan. Tous deux rassemblent avec brio leurs identités respectives, fusionnant les cultures hip-hop et jazz de l'un aux musiques savantes et folkloriques de l'Arménie des années 80 de l'autre. Le résultat est absolument convainquant, flirtant avec le raffinement et la poésie des sonorités caucasiennes, le duo élabore des titres immersifs aux rythmiques entêtantes, riches d'ambiances imprégnées d'abstract hip-hop, de beat music et d'electronica. Des invités de marque figurent au casting de ce bien bel objet, comme l'immense Miguel Atwood-Ferguson (violoniste-polyinstrumentiste californien ayant, entre autre, collaboré avec Cinematic Orchestra, Flying Lotus, Anderson Paak, Thundercat, Hiatus Kaiyote, Gaby Hernandez,...), le maître multi-flûtiste de Yerevan Norayr Kartashyan (proche collaborateur du pianiste jazz Tigran Hamasyan et du percussionniste Arto Tunçboyaciyan), le poète slammeur basé à Atlanta Jon Goode et la chanteuse pianiste vivant à Brooklyn, Areni Agbabian.


mercredi 20 novembre 2019

Grèn Sémé - Poussière (EP) (The Garden/Lusafrica)

Grèn Sémé - Poussière (EP) (The Garden/Lusafrica)

Le groupe Grèn Sémé, formé autour du trio Michael Beaulieu, Bruno Cadet et Carlo De Sacco, nous revient après l'album Hors Sol paru en 2018 avec l'EP Poussière, un recueil de 3 titres world/fusion inspirés et engagés, où slam, chant mandingue, poésie créole et maloya de La Réunion se mêlent à des sonorités rock, electro et dub. Le batteur/percussionniste Germain Lebot et le claviériste Rémi Cazal complètent désormais les rangs de Grène Sémé, qui convie pour l'occasion l''incontournable chanteur, rappeur et écrivain franco-rwandais Gaël Faye, ainsi que la griotte malienne Fatim. Tous deux viennent étoffer le casting en s’illustrant avec brio sur l’envoûtant "Poussière", titre hypnotique qui a donné son nom au recueil et qui est revisité dans une version remixée par le multi-instrumentiste franco-antillais David Walters! Mention particulière pour l'immersif "Je Serai Là" et l'entraînant sèga "Zénès" !


mardi 16 avril 2019

Abd Al Malik - Le Jeune Noir à l’Épée (Pias)

Abd Al Malik - Le Jeune Noir à l’Épée (Pias)



Abd Al Malik nous revenait le 27 Mars dernier avec Le Jeune Noir à l’Épée (Vol.1), projet ambitieux aux multiples facettes qui se décline sous plusieurs formes d'expressions artistiques. Le célèbre rappeur, slameur et essayiste né à Paris mais strasbourgeois d'adoption, y présente un livre (Flammarion/Présence Africaine) - pensé comme "un long poème sur l'identité à l'ère de la mondialisation" - doublé d'un disque élaboré avec le soutien de fidèles acolytes, le compositeur et producteur Bilal Al Aswad, l'immense pianiste Gérard Jouannest (RIP) et le vétéran de la scène techno hexagonale Scan X. L'oeuvre est également mise en scène dans un spectacle conçu avec le chorégraphe burkinabé Salia Sanou. Ce dernier fut joué au musée d'Orsay début Avril à l'occasion de la grande exposition Le Modèle Noir, de Géricault à Matisse (visible du 26 mars au 21 juillet 2019), un événement rassemblant des pièces emblématiques de la création artistique du monde occidental de 1848 à 1914, qui ont profondément bouleversé le poète alsacien aux racines congolaises. Mais c'est plus particulièrement une toile qui le bouleversa, celle de Pierre Puvis de Chavannes (artiste incontournable du XIX° siècle et reconnu comme l'un des précurseurs du symbolisme), un chef d'oeuvre de la période orientaliste datant de 1850.
Abd Al Malik l'utilise comme le point de départ d'un récit autobiographique, celui d'"un jeune noir, à peine sorti de prison, dans sa cité HLM." Comme il le dit si bien lui-même, "l'histoire de ce jeune noir est entrecoupée, fractionnée. C'est une rébellion rythmée, déclamée, rappée, slamée et chantée sur une musique noire, blanche, métisse, ancienne et moderne, faite de fragments mélodiques, d'échantillons musicaux disparates, dont la mise en relation accidentelle et inattendue verra surgir, contre toute attente, du nouveau et de l'harmonieux."
En studio, pour accompagner son slam et sa scansion si reconnaissables, l'auteur a convié le rappeur et acteur Mattéo Falkone qui vient poser son flow assassin auprès de la voix soulful de la chanteuse R&B Wallen. Ses textes poétiques nourris par le spleen de Charles Baudelaire, les écrits de James Joyce et Patrick Chamoiseau, la philosophie d'Edouard Glissant et Albert Camus, comme ses thèmes engagés, toujours brûlants d'actualité ("La Vida Negra (Aquarius)", "Prélude - Justice pour Adama", "Eux"), expriment les maux d'une société glissant vers les extrêmes et les radicalités, une société où les gens s'accusent mutuellement, se pointant du doigt et oubliant les leçons de l'histoire.
Entre nappes immersives de piano du co-compositeur de Brel, instrumentations urbaines aux sonorités hip-hop et afro-caribéennes, field recordings et a cappellaLe Jeune Noir à l’Épée nous offre une rencontre pleine d'humanité entre culture hip-hop, savoir littéraire et art pictural...

jeudi 16 mars 2017

The Volunteered Slaves - Ripcord (Cristal Records/Pias)

The Volunteered Slaves - Ripcord (Cristal Records/Pias)

Collectif de musiciens issus d'horizons divers qui prit forme en 2002 à l'occasion du Festival Jazz In Marciac, The Volunteered Slaves nous proposera le 14 Avril prochain son quatrième opus baptisé Ripcord, un recueil de 13 titres inspirés aux sonorités urbaines et métissées, où le jazz s'acoquine au hip-hop, au spoken word, à la soul et à la pop, tout en se frottant à sa propre histoire africaine et au gospel. Traversé de notes orientales, afrobeat, électroniques et créoles, parcouru de chants engagés et revendicatifs exprimés en anglais, français, japonais, l'album est à l'image de ses artisans: riche, aventureux, ouvert d'esprit, spirituel, généreux et guidé par un groove multicolore.

Le saxophoniste Olivier Temime, le percussionniste Arnold Moueza, le pianiste Emmanuel Duprey, le bassiste Akim Bournane et le batteur Julien Charlet ont invité dans cette nouvelle aventure l'organiste Emmanuel Bex, le guitariste Hervé Samb, le contrebassiste Géraud Portal et le saxophoniste ténor Stepan Moutot. Ensemble ils tissent des plages instrumentales accrocheuses tantôt planantes tantôt dansantes, sur lesquelles les b-girls Indy Eka (d'origine camerounaise), Mafé (native à Montréal), Kiala Ogawa (de mère japonaise et de père d'origine angolaise), Raphaëla Cupidin (danseuse de jazz et de classique) et le poète de Chicago Allonymous, viennent déposer leurs flows ensorceleurs et réalistes.
3 morceaux retiendront sans doute votre attention, il s'agit de 3 reprises étonnantes de tubes emblématiques de la culture pop. Si "Us & Them" des Pink Floyd est métamorphosé en une jazz ballad nocturne, "God Only Knows" des Beach Boys devient une chanson hypnotique aux reflets electronica et "Video Killed The Radio Star" des Buggles un thème electrojazz syncopé aux accents R&B.

Ripcord est  définitivement un disque à retenir! Il fusionne brillamment le jazz à la poésie militante et aux musiques du monde...


lundi 30 novembre 2015

Abd Al Malik - Scarifications (Pias)


Abd Al Malik - Scarifications (Pias)

Abd Al Malik est l'artiste de tous les paradoxes. Accumulant depuis plusieurs années un palmarès de récompenses assez impressionnant, le poète est "lyricalement un stremon" aussi bien capable de citer dans la même phrase Balavoine, Opération Dragon, Amy Winehouse et Albert Camus que d'écrire et réaliser son propre film, ou bien d'admirer Brel, Darc, Téléphone et Radiohead tout en rêvant en secret de bosser en studio avec Quincy Jones et l'équipe de Thriller du King Of Pop Michael Jackson.

Originaire de Strasbourg, le rappeur éclectique fan de Malcolm X, Gil Scott Heron et The Last Poets dépoussière et rafraîchit l'image d'un hip-hop français souvent sclérosé et décérébré, en y injectant avec son slam fracassant des textes sophistiqués, parfois engagés et toujours raffinés.

 Le premier effort solo nommé Le Face à Face des Coeurs, sort en mars 2004, il est alors considéré comme un élan d'amour face la haine...

 Gibraltar, second opus, paru en 2006 assoit véritablement l'artiste dans le paysage musical hexagonale, son rap riche et son "flow de dingue" le projettent même en tête des charts notamment grâce au titre éponyme. Il marque aussi la rencontre d'Abd Al Malik avec le compositeur et pianiste de Jacques Brel, Gérard Jouannest, et de son épouse Juliette Greco, icône de la chanson française (qui croisa la route de Gainsbourg, Miles Davis ou Brassens) devenue complice de l'héritier des pionniers du rap US "old school" Big Daddy Kane et Rakim.

 Après l'écriture et la réalisation de son premier long métrage autobiographique intitulé Qu'Allah Bénisse la France (diffusé en salle en 2014), au cours duquel il fait la connaissance du producteur/DJ français Laurent Garnier, il publie son cinquième album baptisé Scarifications... 5 ans qu'il se faisait attendre, depuis Château Rouge en 2010 enregistré avec Chilly Gonzales... Et forcément il devait être à la hauteur! 

La complicité liant le pâpe de la techno française au rappeur est d'emblée frappante, avec Bilal (frère et partenaire de studio du slameur philosophe), ils forment un combo incisif et redoutable. Les ambiances de Scarifications sont parfois sombres et pesantes voire inquiétantes, l'artiste y fait son introspection et nous raconte son adolescence de dealer et de voleur à la tir, marquée au fer rouge par la violence de son quartier de Neuhof et la mort de ses amis victimes d'overdose. Ce disque très personnel est la confidence urgente, rageuse et fascinante d'un homme conscient de ses failles; mais renforcé par ses erreurs il se dresse fièrement dans "ce monde qui est une tombe". Le slam d'Abd Al Malik y laisse sa peau au profit d'un rap underground pressant et tranchant.

Les pulsations digitales de Garnier plongent l'auditeur dans l'obscurité, ses nappes de synthés et de drone glaçants et ses rythmiques dubstep l'enveloppent mais ne l'étreignent pas. Ces instrus fracturées sont aux antipodes des productions électro pop mainstream positives et superficielles, les beats y sont lourds et assommants autant que les mots qui écorchent et atteignent leur cible en pleine tête. Les quartiers chauds de Strasbourg battent aux rythmes de la techno de Détroit, un  accord osé qui fonctionne mais qui intrigue!
 


Paroles et Musiques : Abd Al Malik – Bilal – Laurent Garnier

PAROLES :

C’est soit le deal soit c’est l’usine
Grandir dans un monde ou l’altérité est assassine
Diplômé de la rue une autre vie estudiantine
La même couleur mais pas le destin de Lamartine
Si on s’arrête un instant que nous enseigne-t-on
On s’en sort si on le veut vraiment
J’ai poussé ma réflexion le soleil était absent
Je me suis fait pluie en attendant
Mais tout prend l’eau trop de mecs nous bassinnent
C’est comme dans Matrix le règne des machines
Du rap ne subsiste que le bacchique
La mort de Pavlos Fyssas est-elle un hic
Mais rien n’est illogique de la crise naissent tous les fascismes
Classique l’Histoire ne se répète pas mais rime
Abîme toujours les mêmes drôles de mise en abîme
Effets miroirs toutes les vies comestibles
Ghettos Ter Ter et guerres intestines
Je suis né dans le pays de la guillotine
Muslim et Noir de peau qu’est-ce qui me détermine
Qu’est-ce qui se joue dans ma poitrine
Mon cœur cesse de battre parfois c’est la routine
Est-ce donc ça qui discrimine
Je n’entérine aucune nouvelle doctrine
Ne suis-je pas un enfant de la république
Hun Hun de la République
Lyricalement j’suis un stremon
J’suis un stremon…

jeudi 29 octobre 2015

G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien (Discobole Records)


G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien (Discobole Records)

Quel est donc cet animal étrange, qui, animé par une énergie post-rock, joue une musique sombre marquée par les mots d’un poète maudit nommé Alain Peters ? G!rafe est une formation menée par le chanteur Bruno Girard (membre de Bratsch, groupe historique français aux influences jazz, tziganes, russes et arméniennes) et composée du bassiste Théo Girard, du batteur Eric Groleau, du guitariste Stéphane Hoareau et du clarinettiste Nicolas Naudet. Son projet intitulé L’Ami que j’Aimais Bien est un hommage à l’auteur et musicien réunionnais Alain Peters, qui fusionnait dans les années 70 psychédélisme, rock et maloya. Bruno a choisi de dire en français 6 poèmes de l’artiste disparu précocement en 1995, ils expriment tantôt l’espoir puis le désespoir, tantôt la déception amoureuse et la solitude puis l’injustice sociale… Bref autant de divagations souvent mélancoliques et parfois amères que son chant grave et imposant, qui s’apparenterait presque au slam de Grand Corps Malade, extirpe avec calme et vigueur d’un amas rocheux en fusion.

lundi 21 septembre 2015

Polymorphie – Cellule (Grolektif/L’Autre Distribution)


Polymorphie – Cellule (Grolektif/L’Autre Distribution)

Le sextet lyonnais Polymorphie dirigée par le saxophoniste Romain Dugelay, nous présente son dernier projet intitulé Cellule. Objet sonore difficilement classifiable, le projet met en musique des textes d'Oscar Wilde (OW1 et OW5), de Paul Verlaine (Paul) ou d'un parfait inconnu nommé Xavier (Xavier), écrits en détention et questionnant en français ou en anglais la condition carcérale. Arborant des influences aussi diverses qu’inédites, du rock distordu à la poésie urbaine, en passant par la noise, l’électro et le jazz contemporain, la formation bouscule et tranche dans le vif (OW3 et OW4). Parfois, lorsque la guitare et les claviers ne vrombissent plus et que les saxophones cessent de s’égosiller, le slam de Marine Pellegrini  impose un calme inquiétant et pesant, exprimant avec force les sentiments d’enfermement, d’attente et de désespoir.

jeudi 18 décembre 2014

Criolo – Convoque Seu Buda (Sterns/Harmonia Mundi)


Criolo – Convoque Seu Buda (Sterns/Harmonia Mundi)

Découvert réellement en 2011 avec son second opus No Na Orelha, album sacré plusieurs fois disque de l’année, le MC brésilien Kleber Gomes aka  Criolo nous revient avec un nouveau projet baptisé Convoque Seu Buda. Reconnu et respecté dans le milieu hip-hop de Sao Paulo depuis ses débuts en 1989 dans les fameuses `Rinha dos Mc’s’, Criolo se forge une envergure internationale à partir de 2012, on découvre alors un quadragénaire socialement engagé (ancien éducateur), un poète urbain à l’écriture tranchante et au timbre de voix proche de celui de notre Akhenaton national. Aussi bien à l’aise avec les ambiances jazzy (Casa De Papelao), G-Funk (Cartao De Visita), afrobeat (Pegue Pra Ela), reggae/dub (Pé De Breque) ou psyché (Fio De Prumo Padé Ona), qu’avec les rythmes chaloupées de la samba pagode (Fermento Pra Massa) et les instrus typiquement rap old school (Convoque Seu Buda), l’artiste slam ou chante pour dénoncer les travers de son Brésil natal avec ses inégalités sociales et ses injustices.

Criolo frappe encore un grand coup !

mercredi 3 septembre 2014

Kate Tempest – Everybody Down (Big Dada/Pias)


Kate Tempest – Everybody Down (Big Dada/Pias)

Retour aux sources d’un hip-hop racé à l’anglaise où les rimes de la rappeuse et poétesse Kate Tempest font écho à la fois au son old school du Wu Tang Clan et au flow typiquement londonien de Mike Skinner alias The Streets qu’à la littérature de Samuel Beckett et de William Blake. À seulement 27 ans, elle qui fréquentait assidûment les battles de Deal Real (disquaire et magasin spécialisé dans le hip-hop) pendant son adolescence, est révélée prodige de la plume lorsqu’elle remporte le prix de poésie Ted Hughes en présentant sa pièce Brand New Ancients. Dans ce premier opus intitulé Everybody Down, la jeune Kate allie ainsi une forme d’expression populaire, le sopken word, à une écriture fine et intellectuelle et nous conte l’histoire en 12 chapitres de trois personnages plongés dans l’univers bling-bling du rap, où drogue, argent et violence dissimulent mal-être, ennuis et peurs. La production est quant à elle orchestrée d’une main de maître par Dan Carey alias Mr Dan, qui s’est illustré aux côtés de CSS, Bat For Lashes, M.I.A., Lily Allen ou encore Hot Chip.

jeudi 6 mars 2014

Anthony Joseph – Time (Heavently Sweetness)


Anthony Joseph – Time (Heavently Sweetness)


 

Anthony Joseph est originaire de Trinidad et vit en Grande-Bretagne depuis la fin des années 80. Poète, nouvelliste et musicien engagé, il fut très tôt touché par l’enseignement de l’église Baptiste, les rythmes caribéens, le jazz et le Surréalisme. Après le succès de son précédent « Rubber Orchestras » paru en 2011, le londonien nous revient avec un cinquième album studio élaboré en collaboration avec l’immense bassiste, chanteuse et productrice Meshell Ndegeocello. « Time » fut enregistré à Paris en à peine cinq jours et transpire d’admiration que l’artiste voue à son père spirituel Gil Scott Heron disparu il y a peu. En effet le slameur y fait la part belle aux mots, à leur force et à leur impact plutôt qu’à leur accord à la mélodie. Meshell distille quant à elle des arrangements classieux teintés d’accents jazzy, de hip-hop, de rock, d’afro beat, de soul et de funk.

Un album Indispensable !

 

dimanche 3 novembre 2013

Hiatus Kaiyote – Tawk Tomahawk (Flying Buddha Music/Sony Masterworks)


Hiatus Kaiyote – Tawk Tomahawk (Flying Buddha Music/Sony Masterworks)

Comme quoi une ballade chez son disquaire réserve encore des surprises… Une pochette étrange montrant le dessin d’un coyote gueule grand-ouverte (façon esprit vengeur de la Princesse Mononoké d’Hayao Miyazaki), le regard jaune et menaçant, derrière deux grues représentées en origami le narguant avec un serpentin rouge… Une couverture assez énigmatique mais plutôt efficace car la curiosité me met le casque à l’oreille… Puis là, deuxième effet Kiss Cool

Né sous l’impulsion de la chanteuse, guitariste et songwriter Nai Palm, Hiatus Kaiyote est la vision futuriste d’une Soul éclairée, cultivée, généreuse et organique. Rejoint par le bassiste Paul Bender, le touche-à-tout Perrin Moss et le claviériste Simon Mavin, l’alchimie opère et le projet prend forme attirant comme un aimant le soutien des plus grands comme le batteur chevelu des Roots, Questlove ou le Dj anglais Gilles Peterson (BBC Radio 6 Music).

L’album « Tawk Tomahawk » est paru pour la première fois en 2012 sur Bandcamp, il débarque cette année sous la signature Flying Buddha du label Sony Masterworks.

Le quartet australien basé à Melbourne est parvenu à extraire la « substantifique moelle » du courant NuSoul, dont les mètres étalons furent mis en place dés les 90’s par les immenses Erikah Badu, Bilal et autres Raphael Saadiq ou Music Soulchild. Mais son génie est d’avoir autant puisé son répertoire musical dans l’opéra que dans les musiques urbaines et électroniques. En effet, le titre « Malika » est tiré de Lakmé composé par le français Léo Delibes à la fin du XIX° siècle, il s’inspire de ce fameux air immortalisé entres autres par Natalie Dessay : « Le Duo des Fleurs ». On note par ailleurs que l’instru du morceau est un montage abstract hip-hop des plus délectables (à rapprocher des travaux du producteur américain Flying Lotus), avec les lignes de basse clé-de-voûte de Bender soutenant l’ensemble par son groove imparable.

En ouverture, c’est le très atmosphérique et mystérieux « Mobius Streak » (le fameux ruban rouge de la pochette ?) qui nous mène en bateau entre ballade électro-soul et ambient experimentale. Nai Palm y dévoile une voix touchante,  approchant celle d’une Lauryn Hill dans ses meilleures heures, tandis que les claviers de Simon Mavin nous enivrent et nous transportent vers des contrées délicatement syncopées par le broken beat éblouissant de Perrin Moss.

« The World It Softly Lulls » nous offre ensuite une ambiance néo-soul  feutréeD’Angelo pourrait facilement y poser ses mots doux et son groove sensuel façon « Spanish Joint ». La chanteuse choisi pourtant d’y imposer  un flow tranchant et revendicatif, un slam tempétueux sur une rythmique funk éthérée aux accents de guitare jazz.

Un interlude instrumental interstellaire « Leap Frog » nous fait glisser vers « Malika » puis « Ocelot » et « Boom Child », deux courtes plages aux beats hip-hop brutaux et crasseux (pas bien éloignées de certaines productions de Madlib).

« Lace Skull » déverse ensuite sa Soul électrisante et tumultueuse, s’amorçant avec un arpège de guitare et quelques accords de piano puis se terminant par un déferlement psychédélique.

C’est Jay Dilla (RIP), énorme producteur de Détroit, qui semble avoir tissé les trames de ces trop brefs « Rainbow Rhodes » et « Sphynx Gate », où Fender Rhodes, MPC, choeurs et basses font leur office dans ces célébrations légères et groovy à la musique promue par des labels tels que Stone Throw Records et Okayplayer.

Enfin « Nakamara » vient clore ce pur bijou. Un titre coloré et nusoul en puissance, sans boîte à rythme ni nappe électronique, du groove à l’état brut, faisant directement allusion à l’identité australienne du groupe. Le rappeur QTip (des Tribe Called Quest) fait une apparition dans une version exclusive présente dans la toute récente ré-édition du disque.
 
 

jeudi 5 septembre 2013

NADA ROOTS – « Super Star » (Karcajou Productions/Anticraft)


NADA ROOTS – « Super Star » (Karcajou Productions/Anticraft)

Originaire de Montpellier, le combo des deux compagnons de roots Daniel Gigant (alias Nada) chanteur/narrateur et Frederic Wheeler (aka Alfred) guitariste/multi-instrumentiste, nous présentent leur premier album Super Star. De parents réunionnais, Nada a grandi à la montagne au Tampon et à St Denis, puis à l’âge de 17 ans il suit sa mère en métropole. De déceptions en déprimes, il se plonge dans la musique et s’investie à fond dans différentes formations en temps que bassiste/chanteur et dans la production notamment avec les albums d’ARM Posse (feat. Tiken Jah Fakoly ou encore Sergent Garcia). Quant à Fred, son parcours est tout aussi atypique, fait de voyages et de mobilité, après un an et demi d’apprentissage au Viet Nam, il ramène le Thorung, le Dan Kim ou encore le kayagum, et surtout une grande ouverture d’esprit…Nada Roots propose donc une musique offerte aux multiples influences de notre monde coloré. Les textes de Daniel, poétiques ou politiques, parlant de nos racines et du quotidien d’un monde ambiguë et contrasté, sont interprétés façon Gainsbourg avec la voix d’un Grand Corps Malade : du slam, du hip-hop (« Des Larmes ») et du Maloya. La guitare et les machines accompagnent très respectueusement et très justement ses ballades acoustiques émouvantes et métissées aux ambiances tantôt reggae/dub (« Touré » ou « Cqfd »), tantôt créole (« Largue La Po »). Des invités prestigieux enrichissent cet opus prometteur et touchant, Lio sur « l’Elan de l’Ame », Leina Rodriguez sur « 2U » ou Sélim Maziz sur « Pas d’Ici ».

dimanche 1 septembre 2013

Ahamada Smis - Être (Colombe Records)


Ahamada Smis - Être (Colombe Records)

Les Comores s'installent à Marseille et le slam d'Ahamada Smis prend ses couleurs africaines entre rythmes hip-hop, sonorités world et jazz. Issu de l'immigration, le jeune comorien a connu la violence, le squatte et la rue avant de se mettre au rap et à l'écriture. Ouvrier dans la charpenterie métallique les mots se bousculent et ne demandent qu'à sortir de son esprit aiguisé et ambitieux, il devient ingénieur du son puis naturellement la scène invite ses mots, ses mots invitent quelques mélodies puis une vielle à roue, une flûte, un accordéon, un violon, un sax, des percussions, une guitare, une basse et une batterie...entrent aussi dans la partie jusqu'à conclure enfin et donner lieu à l'album "Être". Tel un Oxmo Puccino, Ahamada est proche de la musique et des instruments autant que de ses textes, le jazz croise les résonances occitanes et afro beat sur des histoires autobiographiques et inspirées du quotidien. Simples, belles et engagées, les paroles d'Ahamada sont contées d'une voix douce et apaisée. La langue française côtoie le swahili dans un discours de paix, de tolérance, d'ouverture et d'espoir.  L'Afrique et Marseille se retrouvent paisiblement autour d'une seule et même valeur : le respect de soi et de l'autre. Le poète signe là un très bel opus bien loin du bling-bling ambiant, les samples et boîtes à rythmes sont écartés au profit d'une musique acoustique mélodieuse.

Une agréable découverte !