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jeudi 15 février 2024

The Very Big Experimental Toubifri Orchestra - Outre

The Very Big Experimental Toubifri Orchestra - Outre 

L'orchestre lyonnais fondé en 2006 affiche des mensurations plus que généreuses, un format impressionnant et hors cadre, à l'image de la stupéfiante fusion musicale qu'il propose. Le 15 Mars prochain paraîtra Outre, dernier opus de The Very Big Experimental Toubifri Orchestra, un véritable feu d'artifices où se croisent, s'entrechoquent et s'accommodent en fanfare des sonorités jazz, rock et pop, entre autres nuances de musique contemporaine et d'intentions cinématographiques ("Vert Jaune"). Parmi les 9 compositions du disque se distinguent 5 chansons interprétées en français et en anglais, aux textes poétiques ("Maurice"), empreints à la fois d'urgence, d'humour, de gravité et de légèreté. Sombres, cuivrées, électriques, percussives et répétitives comme dans "Grande Main", "Gravitation Minute" et "Tournicoti", les ambiances d'Outre savent également se parer d'atours plus immersifs et délicats, à l'instar des captivants "Dust" et "Tramonto"

Le collectif The Very Big Experimental Toubifri Orchestra nous livre ainsi un album riche, épique, curieux et entêtant!



samedi 1 avril 2023

L’Autre Big Band - Joy (Fluffy Fox Records)

L’Autre Big Band - Joy (Fluffy Fox Records)


Le 6 Janvier dernier paraissait sur le label toulousain Fluffy Fox Records le premier opus de L’Autre Big Band, un collectif d’une vingtaine de musiciens ayant vu le jour en 2021 sous l’impulsion du batteur Malo Evrard, du pianiste Étienne Manchon et du saxophoniste David Pautric. À l’origine des huit compositions de l’album - mis à part de  “6 à 4” que le guitariste Florent Hortal a écrit - le trio de tête à souhaité expérimenter sa propre musique en format XXL, s’inspirant autant du jazz actuel que des grands arrangeurs qui ont marqué l’histoire des grands orchestres du genre. Parcourus d’arrangements cuivrés et élégants, de mélodies efficaces et accrocheuses, Joy est comme son nom l’indique un disque empli de notes fédératrices et de vibrations positives, regorgeant d’instants précieux à l’instar des “Blues Tèh” et “Dola’s Dream”, où s’invite d’ailleurs l’excellente Géraldine Laurent, saxophoniste alto aux multiples récompenses et qui s’est notamment illustrée auprès de Manu Codja, Pierre de Bethmann, Mico Nissim, René Urtreger ou encore Leïla Olivesi… Que du bonheur!



mardi 13 octobre 2020

Charlier/Sourisse Multiquarium Big Band - Remembering Jaco (Naïve/Believe)

Charlier/Sourisse Multiquarium Big Band - Remembering Jaco (Naïve/Believe) 


Bireli Lagrène, entouré par l'excellent Multiquarium Big Band des deux complices André Charlier (batterie) et Benoît Sourisse (piano/orgue Hammond), troque ses guitares pour une basse électrique fretless et s'invite sur des titres emblématiques qui ont jalonné la carrière malheureusement trop courte de l'immense Jaco Pastorius, prodige du groove tragiquement disparu il y a 30 ans. Soliste virtuose, talent que Bireli partage avec lui - pilier du jazz-rock qui a contribué à inspirer toute une génération de musiciens, que ce soit au sein du fameux Weather Report, avec Pat Matheny ou auprès de Joni Mitchell, Jaco demeure une référence absolue, un artiste visionnaire qui a redéfinie le rôle de la basse et développé une approche nouvelle de l'instrument, explorant toutes ses ressources, tant rythmiques que mélodiques et harmoniques.

Remembering Jaco est donc un disque hommage, et quel hommage! Le guitariste alsacien qui a enregistré Heavy'n Jazz et participé à deux tournées européennes en 1986 avec le bassiste américain donne une ampleur encore inégalée à des compositions devenues des standards du jazz contemporain comme "Palladium", "Three Views of a Secret" ou "Teen Town". En effet, avec ce formidable big band piloté par Charlier/Sourisse et qui rassemble la crème de la scène jazz hexagonale (Pierre Drevet, Erick Poirier, Stéphane Chausse, Lucas St-Criq et bien d'autres), Bireli a brillamment su restituer la fougue, le génie ainsi que le sens inné du rythme et de la mélodie qui animaient jadis le bass-hero indomptable. Faisant sonner sa basse comme son mentor, Lagrène a enfin trouvé une manière d'exprimer en public une passion qu'il nourrit en secret depuis toujours... 

Redoutable!




jeudi 2 avril 2020

Pierre Drevet, Claire Vaillant, Brussels Jazz Orchestra - EchangƎ (Lilananda/Inouïe Distribution)

Pierre Drevet, Claire Vaillant, Brussels Jazz Orchestra - EchangƎ (Lilananda/Inouïe Distribution)

Enregistré lors d'un concert capté le 27 Novembre dernier au Manège de Vienne avec le concours du label Génération Spedidam, EchangƎ est le dernier opus en date du trompettiste, compositeur et arrangeur français Pierre Drevet. Accompagné par sa complice, la chanteuse Claire Vaillant et le Brussels Jazz Orchestra - qu'il côtoie maintenant depuis près de 20 ans (Ravel 2.0,...) - l'artiste nous y offre un répertoire de sept compositions et un arrangement pour big band au son orchestral absolument captivant, où la chaleur, la virtuosité et le torrent d'émotions que délivrent les cuivres font vibrer nos âmes sensibles au fil d'un swing radieux et généreux, riche de l'héritage légué par les immenses mélodistes de la musique classique du début du XX° siècle et les piliers du jazz moderne.
Date de sortie prévue le 19 Juin 2020.


mardi 8 mai 2018

Thierry Maillard Big Band - Pursuit Of Happiness (Ilona Records/L'Autre Distribution)

Thierry Maillard Big Band - Pursuit Of Happiness (Ilona Records/L'Autre Distribution)

Le pianiste Thierry Maillard, figure emblématique de la scène jazz hexagonale depuis une vingtaine d'années, présente sur Ilona Records un projet singulier, le premier du genre pour l'artiste cumulant 14 albums au compteur, il s'agit de Pursuit Of Happiness, un disque pour big band écrit et arrangé pour 15 musiciens triés sur le volet (Médéric Collignon, David Enhco, Lucas Saint Cricq et Daniel Zimmermann pour ne citer qu'eux). Les 8 compositions de l'opus expriment l'ensemble des influences qui jalonnent le parcours artistique du musicien, habité par le lyrisme et le romantisme de la musique classique, la fougue et l'énergie du jazz-rock, les expérimentations de la musique contemporaine ou les audaces de Bill Evans et Chick Corea.
Aventure musicale et humaine saisissante, ses orchestrations sophistiquées et envoutantes nous plongent dans un grand tourbillon mélodique et harmonique vertigineux, ponctué de déferlantes rythmiques hypnotiques et fédératrices.
On pense bien évidemment aux récents travaux de la vocaliste et compositrice parisienne, Ellinoa, qui, dans son excellent Wanderlust, était elle aussi frappée par la fièvre du jazz format XXL, une épidémie de vibrations positives et hautement contagieuses.



mardi 10 octobre 2017

Karl Zéro - Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones (Frémeaux & Associés)

Karl Zéro - Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones (Frémeaux & Associés)

L'ancien trublion de Canal+, Marc Tellenne alias Karl Zéro, nous présente via le label indépendant Frémeaux & Associés son troisième projet musical sobrement intitulé Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones. Evoluant comme toujours dans des paysages où se côtoient avec bienveillance parodie et décalage, le crooner facétieux nous y présente avec poésie et tendresse,13 titres au swing accrocheur, imprégnés de saveurs latin jazz et gorgés d'un humour fédérateur. Accompagné des 16 musiciens du big band El Rafael y su Conjunto Atractivo, le chanteur y brode des ambiances exotiques surgies d'un autre temps, adaptant à la façon des grands orchestres tropicaux des années 1940-1950, les tubes new-wave de Kraftwerk ("Das Model") ou Mikado ("Naufrage en Hiver"), reggae et ska de Madness ("Night Boat To Cairo") ou The Police ("Can't Stand Loosing You"). Ailleurs, il détourne avec brio des standards intemporels de la chanson française comme "Sur Deux Notes" de Ray Ventura et son Orchestre ou "l’eau à la bouche" ("Agua Na Boca") de Gainsbourg", réinventé dans une délicieuse version bossa nova. L'inclassable Karl Zéro déploie sa carrure d'"artiste international" en s'exprimant en français, en anglais, en russe, en italien et en arabe, sur de somptueux arrangements orchestrés par le pianiste Raphaël Lemonnier. Ces derniers servent aussi d'écrins prestigieux aux voix singulières de quelques invités de marque, le slameur Abd Al Malik, la tendre Daisy d'Errata (épouse de Karl) et la sulfureuse Ariel Dombasle...
Une réussite !

jeudi 9 mars 2017

Vintage Orchestra - Smack Dab In The Middle - The vocal side of Thad Jones (Gaya Music/Socadisc)

Vintage Orchestra - Smack Dab In The Middle - The vocal side of Thad Jones (Gaya Music/Socadisc)

Le big band parisien Vintage Orchestra nous revient après 8 ans d'absence sous la direction du jeune saxophoniste Dominique Mandin qui, loin d'être un néophyte en matière de formation jazz taille XXL, affiche à son compteur bon nombre de collaborations prestigieuses notamment au sein du Pepper Pills Big Band ou du Christophe Dal Sasso Big Band.
Ressuscitant le swing accrocheur et intense du compositeur et trompettiste mythique Thad Jones (qui œuvra entre autre pour Count Basie au milieu des années 50), Dominique et son orchestre de jeunes loups s'attachent à en explorer un des aspects les moins connus d'une carrière bien remplie: ses arrangements étincelants pour les voix de la diva Ruth Brown (dont l'album sortit en 1968) et du crooner Joe Williams (pour qui le disque parut en 1966). Thad interpréta jadis ce répertoire avec la complicité d'un autre monstre sacré, le batteur Mel Lewis, avec qui il formait l'illustre Thad Jones/Mel Lewis Orchestra.

A travers 12 compositions signées Allen Toussaint, Lionel Hampton, Duke Ellington ou encore Ray Charles, le Vintage Orchestra redonne corps et vie aux arrangements ciselés et sophistiqués du trompettiste autodidacte, que Charles Mingus considérait comme le plus grand de ses contemporains. Smack Dab In The Middle - The vocal side of Thad Jones est le fruit d'une écoute attentive et d'une retranscription minutieuse de ces vieux enregistrements. Se faisant, les 16 instrumentistes se les sont réappropriés, tissant la toile de fond idéale pour que s'expriment dans les meilleurs conditions les organes des deux vocalistes invités en lieu et place de Ruth et Joe, la chanteuse puissante de Philadelphie Denise King (autodidacte qui s'est lancée sur le tard à 30 ans) et le jeune talent napolitain Walter Ricci, dont le scat dans son interprétation du standard "It Don't Mean a Thing (If It Ain't Got that Swing)" est digne de celui de son héroïne, Ella Fitzgerald.

Un opus vibrant!

Ci-dessous quelques prestations en live de l'orchestre:


mardi 10 janvier 2017

Roberto Occhipinti - Stabilimento (Melodica Music)

Roberto Occhipinti - Stabilimento (Melodica Music)

Le producteur Roberto Occhipinti, reconnu comme l'un des meilleurs contrebassistes canadiens s'exprimant aussi bien dans le répertoire jazz que dans la musique classique, nous présente son album Stabilimento, paru le 01 Novembre 2016 sur son propre label Melodica Music. Parmi les 9 titres aux saveurs cuivrées de l'opus, 6 sont des compositions de l'artiste enregistrées en quartet ou en nonet augmenté d'ensembles à de cordes.
Au travers d'elles il mêle à son jazz classique aux orchestrations luxueuses et souvent flamboyantes ("Tinacria"), les sonorités world issues d'Amérique latine et d'Afrique du Nord ("Tuareg", "Que Bolla", "Markato"), l'écriture de Beethoven et la sensibilité de John Coltrane ("Opus 132"), sans oublier la fusion de Zawinul ("Stabilimento") et l'audace de Charles Mingus...
Les 3 autres morceaux du disque marquent la richesse du jeu et des influences d'un compositeur et arrangeur versatileRoberto s'y illustre en effet dans une veine plus smooth et cool jazz : "Penelope" de l'immortel Wayne Shorter"Dom de Illudir" du brésilien Caetano Veloso et "Another Star" de l'immense Stevie Wonder.
Un grand plaisir d'écoute !

lundi 18 avril 2016

David Linx & Brussels Jazz Orchestra - Brel (Jazz Village/Harmonia Mundi)

David Linx & Brussels Jazz Orchestra - Brel (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Avant même d'écouter le nouveau projet de David Linx et tout fraîchement débarqué de son précédent enregistrement avec Fresu et Wissels, on est interpelé par son titre et forcément curieux de savoir si l'artiste habitué aux prises de risques (Follow The Songlines) en réchappe grandi ou pas! Lorsque le crooner belge décide de chanter les titres emblématiques de son illustre compatriote Jacques Brel, la question essentielle du SENS se pose. En effet comment aborder une personnalité si complexe et complète sans tomber dans l'écueil du pathos?

Collaborant avec l'un des plus fameux orchestres de jazz au monde, le chanteur acrobate a répondu présent à l'invitation du Brussels Jazz Orchestra, formulée conjointement par son directeur artistique Franck Vaganée et son manager Koen Maes. Ensemble ils révèlent les talents d'auteur sensible et profond d'un compositeur raffiné et sophistiqué, un monstre sacré de la chanson aux succès intemporels et universels.

Plus que révélées, les mélodies de "La Valse à Mille Temps", "Mathilde","Quand on a que l'amour", "Vesoul - Amsterdam" sont réarrangées de manière à en extirper un swing captivant, le pittoresque et l'intime se dévoilent au grand jour avec grandiloquence et élégance, si les mots demeurent toujours aussi percutants et vrais, ils s'allègent, s'arrondissent et rebondissent. Jazz orchestral, scat et textes géniaux fusionnent pour le meilleur.

"Ne me quitte pas" devient une comptine, douce et délicate, "Isabelle" et "Le Plat Pays" deux ballades romantiques où la chaleur des cuivres est persistante tandis que "Ces gens là" perd ses accents...

La reprise de "Bruxelles" résonne bien sûr de manière toute particulière suite aux évènements tragiques du 22 Mars 2016, enjouée et virevoltante elle fait plus que jamais un pied de nez à la terreur...



mardi 5 avril 2016

Camarao Orkestra - Camarao Orkestra (Clapson Records/L'Autre Distribution)


Camarao Orkestra - Camarao Orkestra (Clapson Records/L'Autre Distribution)

C'est à Paris, ville-étape située sur la route des grooves afro-brésiliens, entre Addis Abeba et Rio de Janeiro, que la formation Camarao Orkestra prend forme en 2008 autour du trompettiste Paul Bouclier. Largement influencés par les rythmes syncrétiques du Brésil, les 10 musiciens élaborent un savoureux mélange fusionnant les sonorités jazz/funk des années 70 aux traditionnels Maracatu du nordeste, Afoxé et autres Samba… Doté d'une section cuivre puissante et de percussionnistes aguerris à l'atabaque, à la cuica et au berimbau entre autres instruments propres aux rondes de capoeira ou aux rites religieux du Candomblé, l'Orchestre Crevette exprime à travers 8 titres syncopés et endiablés sa vision captivante du groove. Un groove qui swing dans "Saidera" ou qui se pare d'accents afrobeat dans "Afroben" et éthiojazz dans "Baravento".

A noter la présence d'une assise rythmique plutôt funky composée du bassiste Virgile Raffaëlli, du claviériste Florian Pellissier et du guitariste Farid Baha. Nous remarquerons aussi la prestation sensuelle des chanteuses Amanda Roldan et Agathe Iracema.

Ce premier opus au titre éponyme parait chez Clapson Records et mérite toute notre attention car il ne reprend pas les sempiternels relents festifs "sauce brésilienne" que nous servent souvent les batucadas et autres collectifs de rue, en effet Orkestra Camarao s'efforce de bâtir un répertoire original et réfléchi, une identité musicale singulière…

vendredi 8 janvier 2016

Surnatural Orchestra – Ronde


Surnatural Orchestra – Ronde

Le Surnatural Orchestra est une fanfare (et qui dit fanfare dit esprit festif !) réunissant près d'une vingtaine de musiciens, une grosse machine à géométrie variable qui tourne depuis déjà 15 ans dans la sphère jazz, cultivant depuis lors un enthousiasme pour la fusion des codes musicaux, l'expérimentation et l'improvisation bien sûr. Aucun leader ne dirige véritablement le collectif, qui veut composer compose et soumet sa copie à l'ensemble, qui la joue, l'éprouve et l'adopte. Dans ce dernier opus de 7 titres baptisé Ronde par son directeur artistique Ferry Heijne (De Kift), les thèmes abordés explorent comme toujours les limites du jazz à travers différentes atmosphères comme celle, évidente, de la pop (ffff), mais aussi celle des folklores (Zmerisch), de la musique de film (Le Magicien) et de la musique classique (Reload et la valse Gallia) ou contemporaine (Megantereon). Pauvre Paris nous offre même un final rock'n'roll ardent et théâtral!

Une édition double-vinyle collector est tirée à 300 exemplaires et la version cd est livré sur un tourillon de bois pressé entre des disques de feutre, celui faisant office de couvercle est imprimé d'une sérigraphie de Camille Sauvage qui signe d'ailleurs tous les visuels du groupe ainsi que le scenario et le graphisme de son site internet.

Le Surnatural Orchestra a ainsi voulu renouer avec le statut d'objet que revêt une œuvre sonore enregistrée sur un support, prenant ainsi à contre pied la tendance actuelle de dématérialisation de la musique.
 
Ci-dessous une vidéo nous donnant une petite idée de ce qu'est le Surnatural Orchestra...


vendredi 20 novembre 2015

Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – François de Roubaix (Train Fantôme/L'Autre Distribution)


Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – François de Roubaix (Train Fantôme/L'Autre Distribution)

Déjà salué mainte fois et notamment dans l’excellente compilation Cinemix Vol.1 paru en 2003 et qui rassemblait une série de reworks de célèbres titres extraits de BOF françaises des années 70 , le répertoire du compositeur de musique de film François de Roubaix ne cesse de faire des émules, on se souvient entre autres du remix des cultissimes Dernier Domicile Connu ou La Mer est Grande que nous offraient respectivement Gonzales et Carl Craig, c’est aujourd’hui au tour du bassiste Fred Pallem de rendre hommage à l’emblématique compositeur disparu tragiquement en 1975 à l’âge de 36 ans.

Entouré de sa fameuse formation Le Sacre du Tympan, qu’il crée en 1998 sur les bancs du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, sa démarche artistique est de fusionner les musiques dites "populaires" (pop, rock) et celles considérées comme "savantes" (jazz, musique contemporaine). Dans son premier projet intitulé Le Sacre du tympan sorti en 2003, Fred Pallem croisait les influences des jazzmen Charles Mingus et Duke Ellington à celles du chansonnier Georges Brassens, du groupe rock anglais The Shadows, du compositeur américain Charles Ives et de l'italien Nino Rota. Ce mélange de sonorités et de références et cette volonté de convoquer des images allaient façonner l'identité musicale décapante du big band décalé et énergique, qui s'attaque aujourd'hui à un monument parmi les compositeurs du 7° art. L'aspect cinématographique ayant toujours été une dominante chez Fred, son précédent Soundtrax en est la preuve, relire l'œuvre d'un pionnier de l'électro et du home studio comme François de Roubaix est pour lui une aubaine et l'occasion de déballer ses vieux synthés vintages et autres instruments plugged.

Pour fêter l'anniversaire de sa disparition en mer voilà 40 ans, le Sacre du Tympan s'attèle, avec un penchant électronique, à revisiter ses thèmes les plus parlants comme celui du chef d'œuvre de Serge Korber L'Homme Orchestre ou des génériques de l'émission d'Elizabeth Tessier Astralement Vôtre et de la série policière Commissaire Moulin.

Si Un Tank Pour l'Aventure est traité comme un standard de jazz, L'Altelier l'est comme un tube psyché rock et Je Saurais Te Retenir une ballade aux reflets folk sublimée par les voix d'Alexandre Chatelard et Alice Lewis (habituée du Sacre).

Dans le très beau Boulevard du Rhum, titre d'un film de 1971 joué par Lino Ventura et BB, Fred a convié une autre chanteuse, elle aussi singulière dans le paysage de la nouvelle chanson française, Barbara Carlotti, qui interprétait en 2012 Mon Dieu, Mon Amour avec un autre invité de marque, le fantaisiste et génial Philippe Katerine qui intervient ici dans Chapi Chapo, un air semblant lui être prédestiné, qui était le générique de la série d'animation culte de la deuxième chaîne de l'ORTF. Juliette Paquereau (elle aussi régulière du Sacre), de Diving With Andy groupe pop anglophone, apparaît quant à elle dans le très aquatique Ariadne Thread.

Bref, un casting pointu particulièrement bien fourni comme d'habitude, on se souvient du plateau de guests dans La Grande Ouverture avec Sébastien Tellier, Piers Facini, Matthieu Chedid ou Sansévérino. Mais que serait le Sacre sans son ossature, composée du batteur Vincent Taeger, du saxophoniste Remi Sciuto, des claviéristes Vincent Taurelle et Arnaud Roulin ?

Le Sacre du Tympan parvient une fois de plus à souligner les mélodies intemporelles, fortement marquées par l'esprit clairvoyant et innovant de compositeurs hors normes, ainsi François de Roubaix revient d'outre-tombe grâce à l'inventivité et aux arrangements d'un musicien décomplexé.

jeudi 6 août 2015

Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)




Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)
Né en 1981 et déjà considéré comme une légende de la nouvelle sphère jazz américaine, le saxophoniste californien Kamasi Washington nous présente son triptyque The Epic, publié par Brainfeeder, label underground de l’immense producteur Flying Lotus, qui lui a donné toute latitude pour la réalisation de cet album hors norme !
La particularité de ce musicien qui mérite d’entrer dans l’arène des géants du jazz, c’est la facilité avec laquelle il passe d’un répertoire hard bop, fusion voire free jazz à des projets aux sonorités plus urbaines, comme le hip-hop, l’electro, la nu soul ou le G-funk. En jetant un coup d’œil à sa bio on entrevoit cette versatilité, aussi bien présent aux côtés des légendes Wayne Shorter, George Duke ou Herbie Hancock, que d’artistes non moins talentueux mais dans des registres  plus populaires Quantic, Lauryn Hill, Snoop Dogg, Raphael Saadiq ou encore Kendrick Lamar… Une liste non exhaustive qui n’est pas prête de se clore !
Kamasi est devenu une référence incontournable de la nouvelle scène jazz expérimental, clairement redevable aux monstres sacrés que sont  les époux Coltrane (John et Alice), Miles Davis, Pharoah Sanders, Fela Kuti, Guru, Marvin Gaye ou Malcom X (pour ne citer qu’eux), il réinvente le modern jazz en remettant notamment au goût du jour les arrangements magistraux pour big band orchestral et en nourrissant ses compositions et ses reprises d’influences gospel, soul, impressionniste européenne et blaxploitation.
L’album se divise en 3 actes : The Plan, The Glorious Tale et The Historic Repetition.
Dans ce triple disque en forme de célébration sincère et passionnée AUX jazz, qu’il enregistra fin 2011 lors de séances marathon avec sa formation habituelle basée à Los Angeles West Coast Get Down (constituée d’amis de longue date voire d’enfance : le claviériste Brandon Coleman, le tromboniste Ryan Porter, le trompettiste Dontae Winslow, les batteurs Tony Austin et Ronald Bruner Jr, le frère de ce dernier l’exubérant bassiste Thundercat aka Stephen Bruner, le pianiste Cameron Graves, le contrebassiste Miles Mosley, la chanteuse R&B Patrice Quinn), le compositeur engagé et multi-instrumentiste militant s’offre la direction d’un orchestre de 32 musiciens et d’un chœur de 20 chanteurs, décloisonnant les styles et les genres, prenant des risques et menant sa barque là où on ne l’attend pas.
The Epic, même s’il ne révolutionne pas le genre jazz, fait forcément figure d’ovni dans le répertoire de Brainfeeder plutôt orienté abstract hip-hop et électro. Dans ce concert explosif et jouissif de 172 minutes enrobées de cordes et de voix, l’artiste ose le hors format, le hors cadre et impose sa vision d’une musique sophistiquée mais décomplexée et plurielle, empreinte d’un héritage prestigieux parcouru d’un désir féroce de liberté et d’avant-gardisme.
Le rappeur Common dit au sujet du saxophoniste ténor visionnaire et de son crew (qui se nomme aussi The Next Step) que « ces jeunes gars lui rappellent pourquoi il aime la musique ! », le journal anglais The Independant affirme quant à lui que « The Epic est la chose la plus excitante du moment, propulsant le jazz hors de sa pénombre pour au moins une dizaine d’années ! » et en effet, plus qu’une simple immersion dans la grande tradition du jazz, Kamasi lui rend hommage en nous proposant une voie alternative, une tambouille personnelle emplie de spiritualité, d’émotions, d’expressivité, de virtuosité et de surprises. Il nous livre une odyssée captivante même auprès d’un public peu enclin à se plonger dans l’univers parfois savant du jazz. 
On notera bien sûr la sublime reprise de Clair de Lune de Claude Debussy, aussi inattendue qu’enivrante, ainsi que le standard Cherokee de Ray Noble immortalisé entre autres par Charlie Parker et ici illuminé par la voix gracieuse de Patrice Quinn et le groove délicat de la section rythmique…
A découvrir d’urgence !
 
 

mercredi 22 avril 2015

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Composé d'une vingtaine de jeunes musiciens le Surnatural Orchestra est un peu notre Dirty Dozen Brass Band hexagonal, un big band fougueux et créatif au son puissant et contemporain. Accordant un large espace à l'improvisation collective dirigée par signe (technique du Soundpainting venue des U.S.), l'orchestre n'en finit pas d'étaler ses sonorités cuivrées obsédantes autour d'un répertoire écrit en commun, puisant ses influences dans un tas de styles allant du klezmer au tango en passant par le funk, la musique de film, l'éthiojazz mais aussi les musiques populaires anciennes et modernes, d'ici et d'ailleurs.

The Lost Tapes EP se compose de deux titres, Happy Doggy qui déploie pendant presque 6 minutes les accents enjoués d'une northern soul éthiopique et Petit Duc, évoquant dès son ouverture l'univers des B.O. de Lalo Schifrin du temps des 60's (époque de la série Mission Impossible)... Bref un jazz expressif, débridé, vivace et visuel.

Ci-dessous un lien vers leur site: