mercredi 20 mai 2015

Van Hunt - The Fun Rises, The Fun Sets (Godless Hotspot)

Van Hunt - The Fun Rises, The Fun Sets (Godless Hotspot)

Un bien bel effort que ce cinquième opus néo-soul (mais pas que !) intitulé The Fun Rises, The Fun Sets du crooner et multi-instrumentiste Van Hunt. Natif de Dayton, il se met à la musique dès l’âge de 7 ans, motivé par l’amitié nouant son père au batteur des mythiques Ohio Players… On comprend ainsi mieux d’où lui viennent ses sonorités sexy et psychédéliques héritées de la black music des années 70 !

A la fin des 90’s, après avoir envoyé ses démos hip-hop à quelques maisons de disques et rencontré plusieurs producteurs dont l’excellent Jermaine Dupri, le compositeur se fait remarquer en écrivant le titre Hopeless pour Dionne Farris (Arrested Development) et une partie de l’album Love In Stereo de Rahsann Patterson

Après Van Hunt (2004) et On The Jungle Floor (2006) parus chez Capitol Records, ses deux premiers albums plutôt bien accueillis par la critique, le musicien déchante en étant notamment affligé par l’avortement de son projet Popular qui devait sortir chez Blue Note Records en 2008. Excédé par l’industrie du disque, il s’en émancipe et fonde son propre label baptisé Godless Hotspot où paraîtront What Were You Hoping For ? en 2011 et The Fun Rises, The Fun Sets en 2015.

Influencé depuis ses débuts par des univers musicaux souvent aux antipodes, rock, folk et country d’un côté puis jazz, funk, soul et R&B de l’autre, Van Hunt distille avec brio l’héritage des icônes Iggy Pop, David Bowie, Neil Young et Curtis Mayfield, Thelonious Monk, Serge Giansbourg… Souvent comparé avec raison à Prince, il s’empare de tout un pan de la culture musicale américaine et la restitue dans une fusion proche de celle qu’opérait déjà dès la fin des 60’s Sly Stone et sa famille. Sa musique allie rythmiques R&B, mélodies contagieuses et psychédélisme, créant ainsi une identité pop/soul/rock hybride et débridée.

Dès l’ouverture avec le torride Vega (Stripes On), Van Hunt nous annonce la teneur de l’album en mêlant une instrumentation funk digne des JB’s à sa voix gémissante et caressante, qui rappellerait presque celle de Lenny Kravitz dans ses meilleures prestations.

Avec des morceaux comme Old Hat, (Let It) Soak (N) ou French For Cloud (Cstbu) c’est le génie de D’Angelo qui semble surgir de cette soul moite et tourmentée, aux accents organiques de gospel, de blues ou de jazz.

Dans Pedestal, si la guitare acoustique semble entamer une balade folk, c’est bel et bien dans un rock électrifié obsédant et saturé façon Jimi Hendrix que l’on pénètre un peu surpris mais rapidement conquis.

Teach Me A New Language nous replonge dans une soul cosmique et langoureuse où le groove nébuleux nous emmène rejoindre Curtis et sa voix délicate de ténor aigue.

She Stays With Me est dans la lignée des meilleures productions de Prince, avec une ligne de basse massive et ténébreuse, des synthés 80’s et une voix gavée de reverb…

Quant aux thèmes Headroom et If I Wanna Dance With You, il est quasiment question d’a cappella, le chanteur est juste accompagné par quelques accords pop joué au piano et nous offre deux slows, deux ballades lentes et aériennes que l’on s’attendrait à écouter dans une galette de R. Kelly !

Emotional Criminal et le titre de clôture The Fun Rises, The Fun Sets, sont conçues elles aussi comme deux ballades romantiques et sensuelles, aux ambiances pop profondes et un brin psychés mais qui, malgré leurs mélodies accrocheuses, ne capteront pas les ondes radio. Encore heureux !

Parlons pour finir de la bombe funky …Puddin’, prenant des airs d’Iggy Pop au chant, Van Hunt nous livre le titre le plus dansant et le plus joyeux du disque.

A l’instar du Black Messiah de D’Angelo paru il y a peu, The Fun Rises, The Fun Sets nous prouve que certains artistes surgis lors de l’explosion néo soul de la fin des années 90, sont parvenus à se renouveler en conservant leur singularité. Van Hunt ne fait aucun compromis, quitte à prendre des risques en s’aventurant dans des sonorités bien éloignées des standards.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire